Budapest et son premier ministre, Viktor Orban, passage obligé pour les figures de l’extrême droite française en ce début de campagne. Un mois après Eric Zemmour et Marion Maréchal, c’est au tour de la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, de s’être rendue dans la capitale hongroise, mardi 26 octobre. Elle a été accueillie en personne par le dirigeant conservateur au monastère des Carmélites, aujourd’hui bureau du premier ministre, surplombant le Danube.
Après un déjeuner, ils ont tous deux tenu une conférence de presse avec une cible identique : l’Union européenne. Critiquant un « pouvoir centralisé bruxellois enivré de sa propre existence, de sa puissance de son omnipotence », Mme Le Pen a notamment dénoncé une « volonté d’asservissement » de l’UE et refusé tout principe de primauté du droit européen sur les droits nationaux, en référence à la décision prise début octobre par le Tribunal constitutionnel polonais.
« Ce principe n’a pu être imposé que par des manœuvres » et les juridictions polonaises « sont tout à fait fondées à affirmer (…) leur droit à fixer et faire respecter les règles fondatrices de leur pacte national, de leur pacte social et même de leur pacte sociétal », a affirmé la candidate d’extrême droite. Selon elle, « les menaces de sanction, et a fortiori d’exclusion, qui sont d’une rare violence à l’égard de la Hongrie ou de la Pologne, témoignent de l’enjeu du débat qui s’ouvre », car « l’Union européenne sait bien qu’elle joue là son va-tout ». Au cours d’un déplacement à Bruxelles vendredi, Mme Le Pen avait déjà apporté son « soutien » au chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, critiquant le « chantage inacceptable » de la Commission européenne.
Répétant son engagement à « réformer la Constitution française par référendum pour acter le principe de sa supériorité », elle a souligné, mercredi, à Budapest que cela comprendrait également « le règlement complet de la question de l’immigration, ce fléau dont nos nations doivent impérativement se préserver ». Sur ce sujet, elle a dénoncé la « submersion migratoire que veut organiser l’Union européenne », dont « les effets désastreux » se font sentir « au niveau identitaire, financier ou territorial ».
Défense de la souveraineté
Au cours de cette conférence de presse, la candidate du RN a également refusé de critiquer la récente loi hongroise anti-LGBT+, au centre d’un bras de fer juridique avec Bruxelles. Ce texte prévoit notamment que les contenus qui « représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l’identité de genre, le changement de sexe et l’homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans ». Une « loi homophobe très grave », selon le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune.
« Comme je suis fondamentalement attachée à la souveraineté de chacune des nations, il ne me viendrait pas à l’esprit de venir donner des leçons au peuple hongrois », a, de son côté, fait savoir Marine Le Pen, avant de rendre hommage à Viktor Orban et à son action à la tête de la Hongrie. « La Hongrie de 2021, sous votre conduite, se place une nouvelle fois à la pointe du combat pour la liberté des peuples », a-t-elle salué, alors que le premier ministre doit affronter une opposition unie aux élections législatives d’avril 2022.
Saluant le « courage » et la « détermination » du premier ministre hongrois, elle a pris « l’engagement », si elle est élue présidente de la République l’an prochain, de lui « apporter le soutien de la France et de son peuple pour réorienter une Union européenne, dont la brutalité idéologique attente à l’idée même de souveraineté ».
Jusqu’à cette visite, M. Orban avait longtemps pris soin de ne pas se montrer aux côtés de Mme Le Pen. Mais il a changé d’attitude depuis que son parti a quitté en mars le groupe PPE (droite) au Parlement européen, en durcissant son discours sur les minorités sexuelles ou l’immigration, basculant à l’extrême droite et quittant sa famille originelle. Autant d’éléments qui fascinent les droites dures européennes, qui le courtisent toujours au Parlement de Strasbourg. Mais le sujet d’une possible alliance n’a, cependant, guère avancé depuis la publication, en juillet, d’une « déclaration commune » entre la candidate du RN et une quinzaine d’alliés en Europe, dont le premier ministre hongrois.
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