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Dans un bureau de vote à Rabat, le 8 septembre 2021. FADEL SENNA / AFP
Tribune. A la suite du triple scrutin – législatif, régional et communal – du 8 septembre, le mythe de l’exception marocaine est une nouvelle fois réactualisé. Depuis l’annonce de l’effondrement électoral du Parti de la justice et du développement (PJD, issu de la matrice islamiste), les uns proclament l’échec de l’islamisme, tandis que d’autres s’émerveillent, encore une fois, face à la « subtilité » de la monarchie marocaine. Alors que lesdits islamistes ont été écrasés dans le sang en Egypte et éliminés après un « coup de force » en Tunisie, des urnes « transparentes » auraient permis de les dissoudre dans le royaume.
De tels récits occultent l’exacerbation de la crise de la représentation au Maroc. A cet égard, la thèse de l’échec de l’islamisme ne tient pas la route. Premièrement, le PJD ne représente que l’une des tendances politiques à référentiel islamique. A l’inverse de l’organisation Justice et Bienfaisance, très présente dans l’arène protestataire mais qui reste exclue du jeu politique institué, le PJD n’a jamais contesté la légitimité religieuse du roi, commandeur des croyants.
Deuxièmement, il doit son triomphe aux législatives de 2011 et de 2016 aussi bien à l’électorat sensible à ses valeurs religieuses et identitaires qu’aux espérances qu’il a suscitées auprès d’électeurs avides d’une offre politique alternative. Ceux-là ont misé sur un personnel politique supposé « intègre », susceptible de lutter pour le « changement » et contre la corruption. Troisièmement, le PJD n’a pas perdu son électorat parce qu’il aurait mis en œuvre une politique islamiste qui se serait avérée inefficiente. Aux yeux d’une partie de l’opinion publique, il s’est révélé un parti politique comme les autres.
Une arène électorale marchandisée
En définitive, le système politique marocain est une machine à broyer les partis qui ont une marque politique et un ancrage social, qu’ils soient islamistes ou de gauche, à l’instar de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui a dirigé le gouvernement d’alternance entre 1998 et 2002. Pourtant, à la fin du règne de Hassan II, une libéralisation politique relative laissait présager l’organisation d’une compétition de plus en plus ouverte, structurée à l’échelle nationale autour de programmes politiques concurrentiels. Paradoxalement, vingt ans plus tard, ce sont des entreprises clientélaires et marchandes, souvent arrimées à l’économie de rente, qui se disputent l’essentiel des trophées électoraux. Autrement dit, lorsqu’elle n’est pas dominée par des enjeux locaux, l’arène électorale est plus que jamais marchandisée.
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L’article « Au Maroc, la scène électorale n’est plus le lieu de traduction des conflits qui travaillent la société » est apparu en premier sur zimo news.