Jour après jour, des révélations sortent sur les circonstances et les personnes impliquées dans le drame qui a coûté la vie, jeudi, à la directrice de la photographie du film Rust, sur les lieux du tournage, aux Etats-Unis. L’assistant réalisateur, qui a donné à Alec Baldwin l’arme censée être vide mais qui a causé accidentellement la mort d’Halyna Hutchins et blessé le réalisateur Joel Souza, avait déjà été licencié d’un précédent film pour un accident impliquant une arme à feu, a fait savoir, lundi 25 octobre, la société de production.
Dave H. « a été licencié du tournage de Freedom’s Path en 2019 après qu’un membre de l’équipe a été légèrement blessé lorsqu’une arme a été actionnée de manière accidentelle », a déclaré un producteur du film qui n’est pas encore sorti.
Il « a été expulsé du plateau immédiatement après le coup de feu tiré par l’accessoire. La production n’a pas recommencé à tourner jusqu’à ce que Dave ait quitté les lieux », a ajouté cette source à l’Agence France-Presse (AFP), précisant qu’un rapport écrit avait été réalisé à l’époque.
L’arme a été utilisée auparavant « pour passer le temps »
L’enquête de police concernant le drame du 21 octobre est toujours en cours, et n’a pas encore permis d’éclaircir les responsabilités des personnes présentes sur le ranch de Santa Fe (Nouveau-Mexique) où a eu lieu le drame.
Aucune poursuite n’a été engagée à ce stade mais l’attention se focalise sur les personnes ayant manipulé l’arme avant le tir mortel, en particulier Dave H., et l’armurière en chef du tournage, Hannah G., 24 ans, dont le rôle est de veiller constamment aux armes à feu présentes sur le tournage et de vérifier à tous les stades si elles sont ou non chargées.
Selon The Wrap, site spécialisé dans le divertissement, qui cite des sources proches du tournage de Rust, l’arme qui a tué Halyna Hutchins avait été utilisée quelques heures seulement avant le tir fatal par des membres de l’équipe « pour passer le temps » en faisant du tir sur des canettes de bière. Les règles très strictes de l’industrie du cinéma en la matière interdisent pourtant toute présence de munitions réelles sur un plateau de tournage, précisément pour éviter ce type d’accidents.
Les enquêteurs ont pu préciser le déroulement des faits après avoir entendu les différents témoins. Selon les premières dépositions, Alec Baldwin « était assis sur un banc dans un décor d’église, et il s’entraînait à dégainer » face à la caméra. Le réalisateur Joel Souza regardait par-dessus l’épaule de la directrice de la photographie de 42 ans, qui a été touchée au torse jeudi et a été déclarée morte quelques heures plus tard.
Blessé à l’épaule par le tir, M. Souza a déclaré avoir entendu ce qui ressemblait au « bruit d’un fouet, et un gros “pan” » alors qu’il se tenait derrière la victime. Après le coup de feu, la cinéaste « s’est agrippée l’abdomen » et a dit ne plus sentir ses jambes, a précisé le réalisateur, ajoutant qu’elle avait « commencé à tituber en arrière ».
Arme « froide »
L’assistant réalisateur avait annoncé que l’arme était « froide », c’est-à-dire censée être vide et donc inoffensive dans le jargon du cinéma. Joel Souza a toutefois dit « ne pas être sûr » que l’arme ait subi un nouveau contrôle de sécurité après la pause déjeuner de l’équipe.
D’après les enquêteurs, Dave H. a dit ignorer que des munitions réelles se trouvaient dans l’arme. C’est Hannah G., une armurière de cinéma de 24 ans, qui avait préparé le revolver, et l’avait placé sur un chariot avec deux autres armes.
Le chef électricien du tournage, Serge Svetnoy, a fustigé sur Facebook un drame provoqué par « la négligence et le manque de professionnalisme », estimant qu’elle était trop jeune pour « être une professionnelle en matière d’armes ».
« Pour économiser des bouts de chandelle, on engage parfois des gens qui ne sont pas pleinement qualifiés pour un boulot compliqué et dangereux », accuse-t-il.
Guillaume Delouche, armurier pour Hollywood depuis près de 30 ans, s’est dit « très étonné » que quelqu’un de cet âge et avec seulement deux films à son actif, « puisse être armurier en chef sur un film qui doit contenir beaucoup de scènes de combat avec des armes à feu ».
« Une pause, plutôt qu’une fin »
Interrogé sur la façon dont Baldwin traitait les armes à feu sur le plateau, Reid Russell, un caméraman du tournage, a assuré que l’acteur était prudent, citant un cas précédent où il s’était assuré qu’un enfant acteur n’était pas près de lui lorsqu’une arme à feu était utilisée. Reid Russell a, par ailleurs, précisé que la scène n’avait pas été filmée, car l’équipe se préparait à tourner.
Le drame a relancé le débat sur la sécurité des équipes et l’utilisation d’armes sur les plateaux. Une pétition sur le site change.org, appelant à l’interdiction des armes à feu réelles sur les tournages et à de meilleures conditions de travail pour les équipes, avait récolté près de 29 000 signatures, lundi après-midi.
Dans un e-mail envoyé aux membres de l’équipe de tournage de Rust ce week-end, l’équipe de production du film a confirmé que le travail sur le western était suspendu au moins jusqu’à la fin de l’enquête. L’e-mail suggère qu’il pourrait reprendre à un moment donné. « Bien que nos cœurs soient brisés, et qu’il soit difficile de voir plus loin, c’est, pour le moment, une pause, plutôt qu’une fin », est-il écrit.
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