Tribune. A la suite du drame de la mort de Yasser, jeune Soudanais, le 28 septembre, et face à la constante dégradation des conditions de vie des personnes exilées à Calais, alors que le harcèlement dont elles font l’objet est quotidien et que la violence exercée par l’Etat est toujours plus forte, Philippe, Anaïs et Ludovic ont entamé une grève de la faim depuis le lundi 11 octobre à l’église Saint-Pierre-de-Calais (Pas-de-Calais).
Depuis plusieurs années, des associatifs, des militants et des personnes exilées alertent sur la situation inhumaine qui s’inscrit dans le Calaisis. Nous assistons quotidiennement à des formes de violences psychologiques et physiques à l’encontre des personnes exilées : expulsions toutes les 48 heures voire tous les jours ; confiscation et destruction des effets personnels ; multiplication des arrêtés anti-distribution de nourriture et d’eau ; humiliations ; coups et blessures de la part des forces de l’ordre…
Les consciences humaines s’habituent à tout, même à l’intolérable
Et l’escalade de la violence ne s’arrête pas. Il y a deux semaines, de nouvelles mesures ont été mises en place. A quatre reprises, l’Etat a posé des rochers sur un lieu de distribution à Coquelles (Pas-de-Calais) empêchant tout accès aux associations pour distribuer des denrées de première nécessité aux personnes exilées. Des interdictions se sont multipliées ensuite sur l’ensemble des lieux de vie des personnes, rendant illégales les distributions.
Depuis les années 1990, cette politique de non-accueil a entraîné plus de 300 décès. Le 28 septembre, Yasser est mort écrasé par un camion. Il voulait rejoindre son rêve, l’Angleterre avec l’espoir d’une vie meilleure.
Réveiller les intelligences
Face à ce constat alarmant, l’Etat a été interpellé mais aucune réponse satisfaisante n’a été apportée. Aucun dialogue n’étant possible, trois Calaisiens ont décidé d’entamer une grève de la faim qui a pris effet le 11 octobre à Calais avec pour attentes :
– la suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements durant la trêve hivernale ;
– durant cette même période, l’arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées ;
– l’ouverture d’un dialogue citoyen raisonné entre autorités publiques et associations non mandatées par l’Etat, portant sur l’ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées.
Les consciences humaines s’habituent à tout, même à l’intolérable. Cette grève de la faim vise à réveiller les intelligences, et à faire entendre à nouveau le caractère scandaleux et proprement inimaginable, dans un pays comme la France en 2021, de la condition à laquelle sont volontairement réduites les personnes exilées par la puissance publique.
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