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Futur électrique de la France: avantage économique du nucléaire

Essor indispensable des renouvelables mais aussi avantage économique à construire de nouveaux réacteurs nucléaires: le gestionnaire du réseau électrique français RTE a présenté lundi ses principales conclusions sur l’avenir du système à l’horizon 2050, en plein débat avant la présidentielle.

L’épais rapport, lancé en 2019 et d’une ampleur inédite en France et en Europe, devrait conforter les partisans du nucléaire, car il conclut que, du strict point de vue économique, il reste une voie moins chère que de compter sur les seules énergies renouvelables pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, comme la France s’y est engagée aux côtés de dizaines de pays.

La publication intervient à l’heure où l’avenir énergétique de la France agite la pré-campagne présidentielle de 2022, certains candidats prônant une sortie plus ou moins rapide du nucléaire (écologistes ou gauche radicale par exemple) tandis que d’autres (notamment à droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie. Le président Emmanuel Macron, favorable au nucléaire, réserve pour l’instant sa décision sur le lancement de six nouveaux EPR, ce réacteur de nouvelle génération dont le premier exemplaire doit enfin démarrer l’an prochain à Flamanville en Normandie (nord-ouest).

Etre neutre en carbone en 2050 se traduira par une électrification massive des usages – transport, chauffage ou industrie- au détriment du pétrole et du gaz naturel.

Même si la consommation totale d’énergie doit baisser, la France consommera donc plus d’électricité en 2050 qu’aujourd’hui, y compris dans le scénario le plus « sobre ».

« La France doit simultanément faire face à deux défis: d’une part produire plus d’électricité en remplacement du pétrole et du gaz fossile et, d’autre part renouveler les moyens de production nucléaire qui vont progressivement atteindre leur limite d’exploitation d’ici 2060 », résume Xavier Piechaczyk, président de RTE.

– Six scénarios –

Le parc nucléaire français, construit dans les années 1970 à 90, vieillit en effet et deviendra progressivement obsolète sur les décennies à venir.

Pour « éclairer le débat public », RTE présente six scénarios de production possibles, allant de 100% renouvelables en 2050 à un développement « volontariste » du nucléaire avec la construction de 14 EPR ainsi que des petits réacteurs.

« Tous ces chemins sont possibles même si certains sont plus difficiles ou incertains », juge Xavier Piechaczyk.

Ces scénarios, qui avaient déjà été esquissés sur le plan technologique, prennent cette fois-ci en compte la dimension économique, environnementale et sociétale des choix à faire.

RTE ne prend pas partie pour une option plutôt qu’une autre mais présente « leurs avantages, leurs inconvénients, leurs impacts et leurs conséquences », souligne M. Piechaczyk.

« Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables », soulignent une nouvelle fois les auteurs.

Ainsi, même le scénario de développement le plus massif du nucléaire ne pourra pas se faire sans un essor important des renouvelables, avec une capacité solaire multipliée par 7 et l’éolien terrestre multiplié par 2,5.

– « Coût maîtrisable » –

Mais du point de vue économique, nouveauté du rapport, « construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent », conclut-il.

En effet, même si les coûts des renouvelables ont fortement baissé, le solaire ou l’éolien nécessitent des investissements plus importants pour les réseaux électriques (car ils sont plus éparpillés) et pour la flexibilité (car ils ne produisent pas en permanence), avec le besoin par exemple de plus de stockage et de centrales thermiques d’appoint à hydrogène ou biométhane.

Donc « les scénarios comprenant de nouveaux réacteurs nucléaires apparaissent plus compétitifs ».

L’écart est de l’ordre de 10 milliards d’euros par an entre un scénario avec de nouveaux réacteurs nucléaires (14 EPR) et un autre sans, posant le postulat du développement de grands parcs renouvelables.

Le fossé se creuse même à quelque 20 milliards par an si l’on compare cette option nucléaire à une autre faisant le pari d’un développement « diffus » des renouvelables, avec notamment un fort recours au solaire installé sur les toitures.

En plein débat sur le pouvoir d’achat, RTE conclut également que « le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable ».

Il se traduirait en effet par une augmentation des coûts de l’électricité (de l’ordre de 15%) mais avec en contrepartie la fin des dépenses en énergies fossiles pour faire le plein de la voiture ou remplir la cuve à fioul.

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