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En Irak, les milices chiites pro-Iran tentent de surmonter leur revers électoral

Les forces de sécurité montent la garde devant le bâtiment de la commission électorale, pendant que des manifestants appellent à un recomptage du scrutin législatif du 10 octobre à Bassorah, en Irak, le 19 octobre 2021. NABIL AL-JURANI / AP

A peine quelques centaines de combattants des unités de la Mobilisation populaire (MP) campent devant la zone verte de Bagdad. A l’appel des chefs des factions chiites proches de l’Iran, qui forment le noyau dur de ce mouvement, ils ont installé, le 19 octobre, leurs tentes aux portes de la zone ultrasécurisée de la capitale irakienne, pour protester contre la « fraude » aux élections législatives du 10 octobre. La coalition Al-Fatah, leur vitrine politique, a enregistré un cuisant revers lors de ce scrutin, perdant deux tiers des quarante-huit sièges obtenus en 2018. Ses chefs refusent d’accepter la défaite qu’ils l’imputent à une « escroquerie » orchestrée par le gouvernement de Mustafa Al-Kadhimi, avec le soutien de Washington.

Dans les urnes comme dans la rue, l’ascension politique des partis-milices chiites pro-iraniens semble pourtant bien marquer le pas. « Les groupes de la muqawama [l’axe de la résistance pro-iranien] n’ont jamais été populaires en Irak, leur base de soutien est limitée. Le scrutin de 2018 était l’exception : ils ont tiré profit de leur rôle dans la victoire contre l’Etat islamique », analyse Hamdi Malik, chercheur associé au Washington Institute.

Durant les trois années pendant lesquelles elle a été la deuxième force politique au Parlement et a géré plusieurs ministères, la coalition Al-Fatah n’a pas convaincu. Ses responsables « ont échoué à fournir des services publics. Ils sont accusés de corruption à grande échelle et leur affiliation avec l’Iran déplaît à de nombreux Irakiens, nationalistes », ajoute M. Malik. Leur rôle dans la répression du mouvement de contestation antipouvoir, apparu en octobre 2019 à Bagdad et dans le Sud chiite, qui a fait plus de six cents morts, les a condamnés aux yeux de la population.

Déclarations incendiaires

Cette désaffection de la rue chiite s’est doublée d’une stratégie électorale vouée à l’échec. Depuis sa formation, en 2018, la coalition Al-Fatih n’est pas parvenue à surmonter ses divisions. La rivalité qui oppose ses différents chefs, ainsi que les factions armées au sein de la MP, a été exacerbée par l’assassinat par une frappe de drone américaine, en janvier 2020, du général iranien Ghassem Soleimani et de son lieutenant en Irak, Abou Mahdi Al-Mohandes. Ces antagonismes se sont traduits par une dispersion des candidats aux législatives d’octobre. Dans certaines circonscriptions, plusieurs listes issues de la coalition Al-Fatah se sont ainsi retrouvées ompétition. Les brigades du Hezbollah, la faction armée la plus proche de Téhéran, ont fait cavalier seul avec leur nouveau parti, Al-Houqouq (« Les droits »).

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