Signés il y a trente ans, le 23 octobre 1991 sous l’égide des Nations unies, les accords de Paris, initiateurs du processus de paix au Cambodge après deux décennies de guerre et de régime khmer rouge (1975-1979), constituent dans ce royaume de 15 millions d’habitants un anniversaire éminemment politique. A Phnom Penh, il est l’occasion pour Hun Sen, 69 ans, et indéboulonnable premier ministre depuis 1985, de mettre en avant sa contribution à la déroute finale en 1998 des Khmers rouges, responsables de la mort de plus de deux millions de personnes : « C’est grâce à la politique “gagnant-gagnant” [de Hun Sen] que le Cambodge a enfin obtenu la paix et la réconciliation, qui sont au cœur de l’accord de Paris et que l’Apronuc [Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge, l’opération de maintien de la paix de 1992 à 1993 au Cambodge] n’avait pas réussi à accomplir », a déclaré le ministre des affaires étrangères Prak Sokhonn, devant des diplomates occidentaux, réunis samedi 23 octobre dans le Palais de la paix, un bâtiment gouvernemental de Phnom Penh. A l’occasion de l’anniversaire des accords de Paris, la Banque centrale cambodgienne a émis cette année un nouveau billet montrant Hun Sen au côté du roi Norodom Sihanouk, disparu en 2012.
Militants des droits de l’homme sous surveillance, ou responsables politiques en exil, les opposants à Hun Sen voient dans le 23 octobre l’occasion de rappeler le cahier des charges initial de l’ONU : l’organisation d’élections « libres et justes », et le maintien par le Cambodge d’une posture de « neutralité » dans les relations internationales. « La neutralité du Cambodge est un point crucial : la dictature de Hun Sen a mené le Cambodge du côté de la Chine, il a reçu énormément de soutien de ce pays, et l’a autorisé à construire de nouvelles infrastructures qui peuvent avoir un usage militaire. Or, la position de neutralité est inscrite dans les accords de Paris », a rappelé le 19 octobre au Foreign Correspondants Club de Bangkok, depuis Paris, Sam Rainsy, le principal opposant à Hun Sen. Plusieurs séminaires en visioconférence ont réuni la semaine dernière des personnalités critiques du régime, dont, depuis Phnom Penh, où elle dirige le Centre cambodgien pour les droits de l’homme, la militante Chak Sopheap : il est « choquant » selon elle, de voir que trente ans après, le Cambodge est « encore loin de remplir les objectifs des accords de Paris », à savoir de disposer d’« institutions de pouvoir indépendantes [entre elles]».
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