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Immigration : le Royaume-Uni veut durcir son système d’asile

Des membres des forces de l’ordre en patrouille près d’un camp de migrants à Calais (Pas-de-Calais), le jeudi 14 octobre 2021. CHRISTOPHE ENA / AP

Des cœurs orange « Together with refugees » (« ensemble avec les réfugiés ») collés sur la poitrine, des bannières « Refugees welcomed here » (« les réfugiés sont les bienvenus ici »), ou « No one is illegal » (« personne n’est illégal ») : mercredi 20 octobre, des milliers de personnes ont répondu à l’appel des associations britanniques de protection des droits des migrants sur la place Parliament Square, en face du palais de Westminster, pour une manifestation contre un projet de loi du gouvernement de Boris Johnson visant à criminaliser les traversées de la Manche.

Le texte, ardemment défendu par la ministre de l’intérieur, Priti Patel, brexiteuse de la première heure, crée une « sous-classe » de demandeurs d’asiles pour ceux qui arriveront de façon irrégulière sur le territoire national. Ils auront moins de droits et de possibilités de recours que ceux passés par les voies légales (demandes d’asile dans les consulats à l’étranger, etc.). Ils seraient même menacés de peines de prison pour être arrivés « sans autorisation ». « Cette différence de traitement n’a aucune base dans le droit international », a dénoncé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué, le 23 septembre. Le projet de loi autorise aussi les pushbacks – le renvoi des bateaux de migrants vers les eaux françaises –, en rupture du droit de la mer, qui oblige tout navire à porter secours à une embarcation en difficulté.

Le texte, en phase d’examen en commission parlementaire, est une nouvelle tentative du gouvernement conservateur pour tenir sa promesse d’un contrôle renforcé de la migration après le divorce avec l’Union européenne (UE). Priti Patel est sous pression dans son propre parti, alors que les traversées de la Manche ont fortement progressé en deux ans. Environ 18 000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni en « small boats » depuis le début de l’année, contre moins de 2 000 en 2019. Ils sont iraniens, irakiens, érythréens, syriens, vietnamiens…

« C’est devenu le principal moyen de passage », assure Xavier Delrieu, à la tête de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière (Ocriest), qui y voit le résultat de plusieurs facteurs combinés : la sécurisation du port de Calais (Pas-de-Calais) et de l’Eurotunnel, le ralentissement du trafic aérien et routier pendant la crise du Covid-19 et des chances de réussite plus élevées qu’en camion. « Sur 120 kilomètres de côte, le nombre de lieux de mise à l’eau est incalculable, confie M. Delrieu. Eradiquer le phénomène est impossible. Notre but est de le contenir et de démanteler un maximum de réseaux pour que ça soit moins rentable. »

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