L’OTAN raffole peu des débats internes et il lui fallait surtout donner l’impression de tourner rapidement la page, jeudi 21 et vendredi 22 octobre, à Bruxelles, après la débâcle lors du retrait d’Afghanistan et la récente crise entre trois de ses principaux membres. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni d’un côté, la France de l’autre allaient-ils régler leurs comptes publiquement lors de cette réunion des ministres de la défense, après l’annonce du partenariat Aukus pour l’Indo-Pacifique, qui a réduit à néant un très gros contrat de sous-marins conclu entre la France et l’Australie ?
Il n’en a rien été et, sous la conduite du secrétaire général, Jens Stoltenberg, les griefs ont été tus tandis que l’organisation se fixait de nouveaux objectifs : un « réarmement » face aux menaces russe et chinoise, un renforcement de la défense collective, un recentrage sur la défense du territoire européen et américain (« Des forces au bon endroit, au bon moment »). Le tout avec un objectif de « transformation » qui devrait être concrétisé lors d’un prochain sommet, à Madrid, en juin 2022.
Pour M. Stoltenberg, qui tente de gommer ce qui est, aussi, une défaite personnelle, la mission afghane n’a pas été « un échec ». Il n’y avait, de toute façon, pas d’alternative au retrait, soutient-il, sauf à voir la violence s’accroître encore. Du côté américain, on convenait seulement qu’il y avait « des enseignements à tirer », au bout de vingt années d’une opération qui aura mobilisé jusqu’à 140 000 soldats mais se sera soldée par le retour au pouvoir des talibans. « La réflexion est en cours », assure la direction de l’OTAN.
Propos officiels feutrés
L’alliance affirme aussi qu’elle contrôlera les promesses du nouveau régime en matière de respect des droits de l’homme ou de liberté de mouvement des citoyens. Elle ne fournit pas, en revanche, d’indication quant au nombre d’Afghans ayant travaillé pour les forces occidentales et qui n’auraient pu être évacués.
Si, dans les coulisses de la réunion ministérielle, les conversations portaient sur la crise du leadership américain, l’absence de consultation entre Washigton et ses alliés ou les polémiques sur le développement d’une défense européenne vue comme une concurrence de l’organisation transatlantique, les propos officiels étaient feutrés. Pas question, du côté de M. Stoltenberg ou d’un diplomate américain de haut rang, d’évoquer les thèmes de la souveraineté, ou de l’autonomie, européenne. Mais bien de parler de la nécessaire « collaboration » et d’une « meilleure synchronisation » en vue de « progrès en commun ».
Il vous reste 44.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article L’OTAN affiche son unité malgré les divisions sur l’Afghanistan et une défense européenne est apparu en premier sur zimo news.