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En classant six ONG parmi les « organisations terroristes », Israël frappe au cœur la société civile palestinienne

Le ministre de la défense israélien, Benny Gantz, à Tel-Aviv, le 20 novembre 2019. JACK GUEZ / AFP

Israël a porté un coup inédit à la société civile palestinienne et à ses bailleurs internationaux, vendredi 22 octobre, en classant six organisations de défense des droits humains ayant pignon sur rue parmi les « organisations terroristes ». Cet ordre a été signé par le ministre de la défense, Benny Gantz, lequel s’était illustré en août en devenant le premier membre du gouvernement israélien depuis une petite décennie à rencontrer le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah. Depuis lors, Israël n’a cessé d’affirmer qu’il entendait renforcer l’Autorité palestinienne et les territoires occupés, notamment au moyen de mesures économiques, en excluant cependant toute négociation politique avec les Palestiniens.

Or ces six ONG jouent un rôle éminemment politique, en contrepoids d’une Autorité palestinienne en bout de course. Il s’agit d’Al-Haq, active dans la dénonciation de l’occupation des territoires par l’armée en place depuis 1967, et des violences perpétrées par les colons israéliens ; d’Addameer, qui défend les prisonniers en Israël ; la puissante Union des comités du travail agricole ; le centre de recherche et de développement Bisan ; Defense for Children Palestine ; et l’Union des comités des femmes palestiniennes. Lundi 18 octobre, Israël avait déjà annoncé la révocation de l’attribution de statut de résident de Jérusalem au Franco-Palestinien Salah Hamouri, l’un des principaux avocats d’Addameer. Classer les six ONG parmi les « organisations terroristes » autorise Israël à fermer leurs bureaux, à saisir leurs biens et à arrêter puis emprisonner leurs employés.

Explosion des actes de violence

Israël argue que ces organisations sont liées au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mouvement issu du nationalisme arabe et du marxisme, pionnier de la résistance palestinienne, qui fut un temps la faction la plus active après le Fatah. Il demeure considéré comme une organisation terroriste par Israël et par l’Union européenne. Historiquement, nombre de mouvements de la société civile se sont développés en lien avec les factions, qui bénéficiait donc d’un réseau au sein de la population.

Israël affirme que ces groupes emploient aujourd’hui des membres du FPLP et lui redistribuent des fonds. En mai, le renseignement intérieur israélien avait déjà accusé des ONG en Cisjordanie d’avoir détourné des fonds de plusieurs pays européens – dont la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et la Grande-Bretagne – au profit du FPLP. Israël ne s’est cependant pas estimé tenu d’en apporter la preuve, relevait vendredi l’avocat israélien Michael Sfard. Sur la même ligne que les organisations Human Rights Watch et Amnesty International, celui-ci dénonce « une déclaration de guerre contre toute la communauté des [défenseurs] des droits humains ».

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