Le projet de taxe foncière en Chine est un serpent de mer : présentée depuis vingt ans comme une solution aux nombreux maux dont souffre le secteur immobilier, elle n’a jusqu’ici jamais été mise en place. Elle refait aujourd’hui surface sous l’impulsion du secrétaire général du Parti communiste, Xi Jinping, à la faveur d’un effort pour réduire les inégalités et de limiter les excès de la pierre. Dans un article publié le 16 octobre par la revue officielle Qiushi, Xi Jinping précise : « Nous devons promouvoir activement une législation pour une taxe sur l’immobilier, et avancer le travail dans des zones pilotes. »
Les arguments ne manquent pas : en quinze ans, les prix de l’immobilier ont été multipliés par six en Chine, renforçant les inégalités entre les familles vivant dans les grandes villes qui ont bénéficié de l’explosion des tarifs, et celles des campagnes, dont les enfants se retrouvent sans patrimoine et incapables d’acheter un appartement, quand bien même ils auraient obtenu un emploi dans une de ces grandes villes. Depuis quelques mois, les responsables chinois répètent le slogan énoncé par Xi en 2017, qui veut que « les appartements sont faits pour habiter, pas pour spéculer ».
Des risques et des résistances
Mais les obstacles sont nombreux : d’après la Banque centrale de Chine, 60 % de la fortune des ménages est placée dans l’immobilier (certaines estimations avancent le chiffre de 80 %). Une taxe foncière généralisée aurait des effets ravageurs sur la consommation des ménages. En augmentant le coût de rétention de l’immobilier, alors que 20 % des appartements sont vides en Chine, elle risquerait de forcer beaucoup de propriétaires à vendre, entraînant une chute des prix.
« Les déséquilibres sont tellement profonds qu’il ne faut pas grand-chose pour que le marché chute, si vous changez les conditions, prévient Logan Wright, directeur de la recherche sur la Chine pour le Rhodium Group. Une taxe permettrait certainement de limiter la spéculation, mais elle ne serait pas forcément appliquée dans tout le pays, car le marché est déjà très faible dans les plus petites villes. »
Conscientes des risques et des résistances, y compris au sein du Parti communiste, dont nombre de responsables possèdent beaucoup d’immobilier, les autorités privilégieraient ainsi pour l’instant des essais dans une dizaine de grandes villes « pilotes », et de mettre l’accent sur le développement du logement social, affirme le Wall Street Journal. Une telle fiscalité changerait enfin fondamentalement la manière dont les gouvernements locaux se financent : aujourd’hui, 40 % de leurs ressources proviennent de la vente de terrains aux promoteurs immobiliers, selon la firme d’investissement Orient Capital. Mais comme les ventes de terrain chutent ces derniers mois, ce dispositif aurait l’avantage de prendre le relais.
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