C’est une peine pour l’exemple. Roberto Perez Fonseca, 38 ans, un manifestant participant au mouvement inédit du 11 juillet à Cuba, a été condamné à dix ans de prison, la plus lourde peine infligée à la suite de cet événement, a appris l’Agence France-Presse (AFP), samedi 23 octobre, auprès de ses proches et d’une organisation de défense des droits humains.
Le tribunal de San José de las Lajas, à 35 kilomètres de La Havane, a condamné Roberto Perez Fonseca à « purger dix ans » de prison pour les délits d’outrage, d’agression, de trouble à l’ordre public et d’incitation à commettre un délit, selon le jugement daté du 6 octobre et consulté par l’AFP.
S’appuyant sur le témoignage d’un policier local, les trois juges du tribunal ont déclaré que Roberto Perez Fonseca avait incité « les gens à se réunir, à lancer des pierres et des bouteilles ». Le manifestant, père de deux enfants, avait été arrêté cinq jours plus tard par le policier au domicile de sa mère.
La peine « est excessive et viole toutes les garanties d’une procédure régulière », a réagi auprès de l’AFP Laritza Diversent, directrice de Cubalex. Selon cette ONG de défense des droits humains, il s’agit de la plus lourde peine prononcée à ce jour à l’encontre d’un manifestant du 11 juillet. Mme Diversent a dénoncé une peine « pour l’exemple » afin « d’instiller la peur et la crainte » dans la société.
Selon Liset Fonseca, la mère du condamné, la lourdeur de la peine s’explique par le fait que son fils a brisé un portrait de Fidel Castro, le leader de la révolution cubaine. « Briser l’image, ça ne pardonne pas », estime-t-elle, indiquant que la famille compte faire appel de la décision.
Détentions arbitraires
Le 11 juillet, des milliers de Cubains étaient descendus dans la rue aux cris de « A bas la dictature ! » et « On a faim ! ». Ces manifestations inédites se sont soldées par un mort, des dizaines de blessés et près d’un millier d’arrestations. Environ cinq cents personnes sont toujours détenues. Le gouvernement accuse les manifestants de vouloir renverser le pouvoir avec l’appui des Etats-Unis. L’ONG Human Rights Watch a accusé récemment le gouvernement d’avoir procédé à des détentions arbitraires, fait subir des mauvais traitements aux prisonniers et conduit des simulacres de procès.
Cuba traverse une crise économique profonde, où les effets de l’inflation galopante sont exacerbés par la pandémie de Covid-19 et le renforcement de l’embargo américain, qui a aggravé les pénuries de nourriture et de médicaments.
Jeudi, le parquet cubain a mis en garde les organisateurs d’une manifestation, prévue pour le 15 novembre, pour réclamer notamment la libération des prisonniers politiques.
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