Tribune. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », dit l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, en dépit de cette promesse maintes fois réitérée, tous les jeunes ne sont pas égaux au moment d’entrer dans la vie adulte. Naître dans une famille pauvre diminue fortement les chances d’un enfant d’accéder à un enseignement de qualité, à la santé, à un logement adéquat et à un emploi rémunérateur, bref, de jouir d’un niveau de vie décent à l’âge adulte.
Selon certaines estimations, les écarts de revenus perçus tout au long de la vie entre les individus tiennent, pour 50 % au moins, à des facteurs définis avant l’âge de 18 ans ; le lauréat du prix Nobel d’économie (2000) James Heckman rappelle même qu’ils sont présents en réalité, pour la plupart, dès l’âge de 5 ans. Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), quelque 63 % des enfants dont les parents ont un niveau d’instruction élevé obtiennent un diplôme d’enseignement supérieur, alors que seuls 15 % des enfants dont les parents n’ont pas terminé leurs études secondaires y parviennent.
Les jeunes surreprésentés
Ces inégalités héritées affectent même l’espérance de vie : dans l’Union européenne, les hommes de 30 ans qui ne sont pas diplômés de l’enseignement secondaire supérieur peuvent s’attendre à vivre environ huit années de moins en moyenne que ceux qui sortent de l’université.
Ni les privilèges hérités ni la pauvreté ne sont des états transitoires. Au contraire, ils persistent sur de très longues périodes. Thomas Piketty a calculé que la part de la propriété détenue en France par les 50 % les plus pauvres, ainsi, était de 2 % au XIXe siècle, et elle s’élève aujourd’hui à seulement 6 % du total des propriétés privées. Des chercheurs en Angleterre ont comparé les noms de famille en 1170 et 2012, en lien avec le statut social des personnes. Ils en ont conclu que le statut social persistait de manière considérable, même après deux cents ans, et que la mobilité sociale était aujourd’hui à peine plus élevée que pendant l’époque préindustrielle.
Il n’y a là aucune fatalité. Des solutions existent pour briser le cercle vicieux de la pauvreté. Parmi elles, nous proposons la mise en place d’un revenu minimum universel pour les jeunes adultes entre la fin de l’enseignement secondaire et l’âge de 25 ans. Selon l’ONU, les moins de 18 ans constituent la moitié des personnes en situation de pauvreté des pays à faibles et moyens revenus. Partout dans le monde, les jeunes sont surreprésentés parmi les emplois précaires et sous-payés alors qu’ils sont exclus de nombreux programmes d’aide.
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