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Joe Biden en première ligne pour défendre ses projets législatifs

Le président américain Joe Biden, à Baltimore, le 21 octobre 2021. NICHOLAS KAMM / AFP

Sortir des calculs abstraits, parler des soucis quotidiens des Américains, inscrire ses projets dans la durée : Joe Biden avait toutes ces préoccupations en tête, jeudi 21 octobre, en renouant avec la tradition du town hall, ces réunions publiques très prisées aux Etats-Unis. La discussion, diffusée sur la chaîne CNN, a permis au président de défendre ses deux législations majeures, actuellement négociées au trébuchet entre démocrates au Congrès : celle sur les infrastructures (1 200 milliards de dollars, soit 1 030 milliards d’euros sur dix ans) et surtout le paquet social du « Build Back Better » (BBB, « reconstruire mieux »), qui prévoit une refondation de l’Etat-providence. « On peut y arriver », a estimé le président américain, empathique et précis dans ses réponses.

Congé parental, soins dentaires et ophtalmologiques, aide à domicile : Joe Biden est entré dans le détail des discussions en cours, assumant les renoncements et les réductions, confirmant les points de tension avec les deux sénateurs démocrates dits centristes, qui font obstacle à l’adoption du BBB : Joe Manchin (Virginie-Occidentale) et Kyrsten Sinema (Arizona). Après s’être contenté pendant des semaines d’orchestrer les négociations en coulisses, Joe Biden s’est placé en première ligne pour la poussée finale. Mercredi soir, le président démocrate s’était rendu dans sa ville natale de Scranton, en Pennsylvanie, où il a pris la parole, au musée des transports ferroviaires. C’est déjà le bilan de sa présidence, rien de moins, qui se joue en cette période fatidique. Les élections de mi-mandat, à l’automne 2022, vont geler la vie politique, avant que ne s’opère, déjà, la bascule vers le scrutin présidentiel.

Le camp progressiste du Parti démocrate avait espéré que le montant global du plan BBB pourrait atteindre 6 000 milliards de dollars. Dès l’été, la Maison Blanche avait réduit cet espoir à 3 500 milliards, en promettant un financement par des mesures de justice fiscale. Mais déjà, les sénateurs Joe Manchin et Kyrsten Sinema freinaient tout. Trop cher, trop large, trop étendu dans le temps. Il est à présent question d’une enveloppe globale comprise entre 1 600 et 2 000 milliards de dollars, à la fureur de la gauche du parti, qui campait sur des positions maximalistes ne tenant pas compte d’une réalité : la fragilité de la majorité au Sénat (50/50), reposant sur la seule voix de la vice-présidente, Kamala Harris.

La peur de l’inflation

Joe Manchin s’oppose à l’extension de la couverture médicale (Medicare). Kyrsten Sinema – « diablement maligne » selon Joe Biden – continue de rejeter des taux d’imposition plus élevés pour les individus à hauts revenus et les grands groupes. Cela pose un problème budgétaire et politique à la Maison Blanche, qui a promis que son plan ne coûterait rien, en excluant toute hausse d’imposition pour les personnes gagnant moins de 400 000 dollars par an. Les démocrates à la Chambre des représentants ont avancé une hausse de l’impôt sur les sociétés de 21 % à 26,5 % – que refuse Kyrsten Sinema –, et du taux maximal d’imposition sur le revenu de 37 % à 39,6 %.

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