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En Ouzbékistan, un scrutin présidentiel joué d’avance

Préparation d’un bureau de vote, dans une université, à Termez, près de la frontière afghane, le 21 octobre 2021. TIMUR KARPOV POUR « LE MONDE »

Les affiches électorales sont à peine visibles à travers la vitrine teintée du magasin de musique. Cinq feuilles juxtaposées réalisées sur la même maquette. De petites photographies des candidats, accompagnées de pavés de texte dans une police minuscule. C’est le premier signe de campagne électorale observé en plein centre de la capitale, Tachkent. Il ne reste que cinq jours avant l’élection présidentielle, dimanche 24 octobre, et aucun signe d’agitation politique dans la rue. « Je ne connais aucun des candidats, à part le président [Chavkat Mirziyoyev], lâche, d’un ton las, Jahonguir, un jeune homme élégant sortant du magasin. J’irai voter pour le président, parce que je n’ai pas envie d’exaspérer ma mère ! »

La réélection de Chavkat Mirziyoyev, 64 ans, pour un second mandat de cinq ans, ne fait aucun doute. « Obtiendra-t-il un plébiscite supérieur au score de 88 % réalisé lors du précédent scrutin de 2016 ? Là réside l’unique suspense », ironise un diplomate en poste à Tachkent. « Je vais voter pour le président, parce qu’il est en politique depuis longtemps. Les autres, personne ne les connaît ! », estime Alisher, un marchand de légumes au bazar de Tachkent. Nombreux sont les Ouzbeks qui soulignent le contraste entre la notoriété du chef de l’Etat et l’anonymat de ses adversaires. Mais le marchand y ajoute des qualités positives : « Le président a fait des choses bien : il a construit 100 000 logements à Tachkent. » Originaire de la province, Alisher n’en a pas profité, et reconnaît que sous le mandat de M. Mirziyoyev, « la vie n’a pas été facile, mais ça s’améliore tout doucement ». Son visage soudain s’éclaire : « Et puis Poutine respecte notre président, et ça c’est très important pour le pays. »

Desserrer l’étau étatique sur l’économie

Premier ministre pendant treize ans, Chavkat Mirziyoyev est parvenu au pouvoir en 2016 à la mort du très autoritaire Islam Karimov, premier président de cette ex-république soviétique devenue indépendante de Moscou en 1991. Héritier d’un système politique verrouillé à double tour, marqué par le travail forcé d’écoliers dans les champs, la torture des détenus ou encore le massacre de centaines de civils en 2005, son successeur veut apparaître en réformateur. La presse officielle présente depuis 2020 la nouvelle ère sous l’expression ronflante de « troisième renaissance » rompant avec « l’isolationnisme » de l’ère Karimov. Une série de réformes économiques desserre l’étau étatique sur l’économie. L’ouverture diplomatique entamée tous azimuts rassure les investisseurs étrangers, relance le commerce et détend les relations avec les voisins d’Asie centrale.

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