Publié le : 21/10/2021 – 08:16
Pour la troisième journée de la Ligue Europa, l’Olympique lyonnais se déplace jeudi en République tchèque pour affronter le Sparta Prague, un club qui n’en finit plus d’être pointé du doigt en raison d’incidents racistes. Les instances sportives locales font preuve d’immobilisme sur le sujet.
Le racisme est loin d’être éradiqué des stades. Dans celui du Sparta Prague, adversaire jeudi 21 octobre de l’Olympique lyonnais en Ligue Europa, il est encore bien présent. Le club de la capitale de la République tchèque n’en finit pas d’être pointé du doigt pour le racisme de ses supporters, un mal qui gangrène le football tchèque de longue date.
En août dernier, le Sparta recevait l’AS Monaco en qualifications pour la Ligue des champions. Quand le Français Aurélien Tchouaméni a marqué, enterrant les espoirs du club tchèque de jouer la C1, des cris de singe se sont élevés des tribunes.
Le Sparta s’est alors vu imposer par l’UEFA de jouer son prochain match suivant en Ligue Europa, contre les Glasgow Rangers, à huis clos.
Ondrej Kasik, porte-parole du Sparta, a précisé à l’AFP que le club avait « pris certaines mesures punitives visant des personnes identifiées (…) dont une plainte au pénal » après le match contre Monaco.
Incidents systématiques
Si le club a également envoyé une lettre d’excuses à Aurélien Tchouaméni, il n’a pas fait assez pour en finir avec le racisme en tribunes. Un mois plus tard, des supporters du Sparta ont entonné des chants racistes visant les joueurs noirs du club local de Viktoria Plzen, poussant la fédération tchèque à infliger une amende au club.
Et fin septembre, pour la réception des Glasgow Rangers en C3, le club a obtenu une dérogation de l’UEFA l’autorisant à ouvrir ses tribunes uniquement aux enfants… qui, pendant le match, n’ont cessé de huer le joueur noir Glen Kamara.
Pour certains supporters, les huées venaient uniquement du fait que l’international finlandais avait empêché le défenseur tchèque Ondrej Kudela de pouvoir disputer l’Euro. Ce joueur a été sanctionné au printemps dernier de dix matches de suspension par l’UEFA, après une altercation en mars lors d’un match européen avec Kamara… qui l’accusait d’avoir tenu des propos racistes à son égard. Kamara, accusé en retour d’avoir frappé Kudela, a écopé de trois matches de suspension.
« Quand Kamara entre sur un terrain tchèque, il doit s’attendre à de l’hostilité. C’était une injustice criante », a écrit un supporter en commentaire d’un article en ligne.
Pour les Rangers, la motivation raciste des sifflets ne fait aucun doute. Aamer Anwar, l’avocat de Glen Kamara, a ainsi affirmé que tous ses coéquipiers noirs avaient aussi été sifflés pendant la rencontre. Le club a sommé l’UEFA d’intervenir, laquelle y a renoncé la semaine dernière, faute de preuves. Et Kudela a été rappelé en équipe nationale dès la fin de sa suspension, le sélectionneur louant son « style calme et constructif ».
Propos racistes de personnalités politiques
Même s’ils sont moins fréquents qu’il y a dix ans, ces incidents racistes répétés mettent les autorités dans l’embarras.
?? « Je vais près du poteau de corner, et j’entends des cris de singe contre moi »
Vous venez d’entendre Jean-David Beauguel, attaquant de Plzen, qui témoigne des insultes racistes qu’il a subies en République Tchèque. Découvrez son témoignage en intégralité sur #RMCLive ? pic.twitter.com/OFnMY9U87F
— After Foot RMC (@AfterRMC) June 19, 2020
« ENCORE ET ENCORE ET ENCORE !! Rien n’a changé… euuuh non pardon, la fédération ne change rien », avait écrit sur Twitter l’attaquant du Viktoria Plzen Jean-David Beauguel en juillet, après le premier match de la saison… pendant lequel des supporters du Sparta avaient poussé des cris de singe contre le défenseur français d’Olomouc Florent Poulolo.
Pour Ludek Madl, journaliste tchèque interrogé par l’AFP, les instances traînent des pieds. « Chaque fois qu’il y a un problème visible de racisme, tout le monde y va de sa condamnation formelle, il y a quelques amendes, quoique pas vraiment dissuasives. Mais je ne crois pas qu’elles cherchent une solution à long terme. »
« Les gens ne voient les Africains que comme des Noirs, et une part considérable des gens dans notre pays ne voit pas le problème là-dedans », ajoute Ludek Madl.
Près d’un Tchèque sur deux voit les migrants comme source d’insécurité, selon un sondage de 2020 de l’Académie tchèque des sciences.
Les propos racistes et xénophobes de certaines personnalités politiques, dont le président Milos Zeman, surtout depuis la vague migratoire de 2015, entretiennent un climat hostile. La présidence avait ainsi officiellement contesté la suspension de Kudela devant l’UEFA.
Et quand un membre de la fédération écossaise a critiqué les supporters tchèques, le ministre tchèque des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur britannique pour s’en plaindre.
« Beaucoup de supporters tchèques pensent que l’Occident en fait trop avec le racisme, alors que nous, nous aurions une vision plus équilibrée. Et on se trompe », assure Ludek Madl.
Avec AFP
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