Première tentative manquée. La première fusée spatiale sud-coréenne de conception nationale n’a pas réussi à mettre en orbite sa charge utile factice après son premier lancement, jeudi 21 octobre, a déclaré le président, Moon Jae-in. Le lancement et le déploiement des trois phases de la fusée Korean Satellite Launch Vehicle II (« véhicule de lancement de satellites coréens »), surnommée « Nuri », ont fonctionné, tout comme la séparation de la charge utile, a déclaré le président Moon, mais « la mise en orbite d’un satellite factice reste une mission inachevée ».
Il a fallu une dizaine d’années pour développer cette fusée, pour un coût de 2 000 milliards de wons (1,46 milliard d’euros). Avec ses six moteurs à carburant liquide, elle pèse 200 tonnes et mesure 47,2 mètres de long.
La Corée du Sud est la 12e économie mondiale et un des pays les plus technologiquement avancés avec notamment son fleuron, Samsung Electronics, le plus grand fabricant de smartphones et de puces au monde. Mais elle est toujours restée à la traîne dans la conquête spatiale, où l’Union soviétique a ouvert la voie avec le lancement du premier satellite, en 1957, suivie de près par les Etats-Unis.
En Asie, la Chine, le Japon et l’Inde ont développé des programmes spatiaux avancés, et la Corée du Nord est le dernier entrant dans le club des pays capables de lancer un satellite.
Une même technologie est utilisée pour les missiles balistiques et les fusées spatiales. Pyongyang a mis en orbite en 2012 un satellite de 300 kg, ce que les pays occidentaux ont condamné comme étant un test de missile déguisé. Aujourd’hui, six pays seulement ont lancé avec succès une charge utile de plus d’une tonne sur leurs fusées.
Viser la Lune
Mais le programme spatial sud-coréen affiche un bilan mitigé : ses deux premiers lancements, en 2009 et 2010, qui utilisaient la technologie russe, se sont soldés par des échecs. La deuxième fusée avait explosé après deux minutes de vol, Séoul et Moscou se rejetant mutuellement la faute.
Finalement, le pays a réussi un lancement en 2013, se reposant toujours sur des moteurs développés en Russie.
L’activité de lancement de satellites est de plus en plus une affaire d’entreprises privées, avec notamment SpaceX, qui compte parmi ses clients l’agence spatiale américaine – la NASA – et l’armée sud-coréenne.
Mais un succès de Nuri offrirait à la Corée du Sud un potentiel « infini », estime un expert. « Les fusées sont le seul moyen disponible pour l’humanité d’aller dans l’espace », explique Lee Sang-ryul, directeur de l’Institut coréen d’études aérospatiales, au journal local Chosun Biz. « Disposer d’une telle technologie signifie que nous avons rempli les conditions de base pour rejoindre cette compétition d’exploration spatiale ».
Le lancement de jeudi était une étape dans le programme spatial ambitieux de la Corée du Sud, avec l’objectif annoncé en mars par le président, Moon Jae-in, de lancer un orbiteur lunaire l’an prochain. « Grâce aux réalisations des systèmes de fusées sud-coréens, le gouvernement poursuivra un programme actif d’exploration spatiale », a déclaré le chef de l’Etat. « Nous réaliserons le rêve de poser notre sonde sur la Lune d’ici à 2030. »
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