C’était en octobre 2020, alors que la pandémie de Covid-19 faisait encore rage, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell a cédé les parts qu’il avait dans un fonds d’actions de Vanguard pour plus de 1 million de dollars (plus de 857 000 euros). En cette année de crise, l’homme chargé de la politique monétaire états-unienne a réalisé cinq autres transactions en septembre et en décembre pour des montants compris entre 15 000 et 250 000 dollars. Il a cédé ses titres pour des « besoins personnels », conformément aux règles de la Fed, lorsque les marchés étaient bas – la Bourse s’est envolée en novembre 2020 après la découverte du vaccin contre le Covid-19.
Il n’empêche, l’affaire complique sa reconduction pour un second mandat à la tête de la Réserve fédérale, le 1er février 2022. Deux présidents de banques régionales, celles de Dallas et de Boston ont déjà dû démissionner fin septembre pour avoir géré activement leur portefeuille, alors que la Fed était au chevet de l’économie, avec des taux ramenés à zéro et des achats massifs de dettes d’entreprises et de banques.
Ces ventes d’actions donnent des arguments à l’aile gauche du parti démocrate, en particulier la sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, qui souhaite faire barrage à M. Powell et fait campagne pour son remplacement par la progressiste Lael Brainard, 59 ans, docteure en économie à Harvard et ancienne des équipes Obama. Cette membre du conseil des gouverneurs de la Fed depuis 2014 a eu la prudence de ne réaliser aucune transaction financière pendant l’année 2020. Mme Warren reproche notamment à M. Powell une régulation insuffisante de Wall Street.
Guerre d’influence
La bataille pour la présidence de la Fed donne lieu à une intense guerre d’influence en coulisses. Depuis Paul Volcker, initialement nommé par Jimmy Carter et conservé pour un second mandat par Ronald Reagan, la tradition voulait qu’un nouveau locataire de la Maison Blanche ne change pas le patron de la Fed. Donald Trump l’a brisée, en ne reconduisant pas la démocrate Janet Yellen, lui préférant le républicain modéré Jerome Powell.
A peine arrivé à la tête de la Fed, M. Powell a décidé de remonter les taux, avant de faire marche arrière en janvier 2019, donnant raison à Donald Trump qui l’avait critiqué. Un an plus tard, au début de la pandémie, M. Powell a massivement soutenu l’économie et appelé le Congrès à faire de même, pour ne pas réitérer les erreurs de la crise de 2008. Durant l’été 2020, il a revisité la doctrine de la Fed, qui vise désormais le plein-emploi, y compris pour les minorités. Il a aussi relevé l’objectif d’inflation, qui peut désormais dépasser le seuil de 2 %. Si M. Powell a sous-estimé l’actuelle poussée inflationniste, il a exclu jusqu’à présent toute remontée des taux. Bref, bien que républicain, celui qui fut approuvé par le Sénat par 84 voix contre 13 en 2018 apparaît comme une « colombe ».
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