La situation ne s’améliore pas pour Evergrande : le groupe immobilier chinois, considérablement endetté et dont la faillite potentielle pourrait ébranler l’économie du pays asiatique, a vu son action s’effondrer, jeudi 21 octobre, à son retour en Bourse à Hongkong.
Ce promoteur, l’un des plus gros de Chine – qui possède notamment le Guangzhou Football Club entraîné jusqu’à peu par l’Italien Fabio Cannavaro, ex-défenseur central et champion du monde 2006 –, traîne une ardoise d’environ 260 milliards d’euros.
Le cours de l’action Evergrande a chuté de 10,5 % jeudi lors des premiers échanges à la Bourse de Hongkong, signe de la faible confiance que les investisseurs accordent encore au groupe moribond.
Ce plongeon s’inscrit dans le contexte de l’annonce par l’entreprise de l’échec de la vente de 50,1 % du capital de l’une de ses filiales à un autre promoteur chinois, Hopson. L’affaire aurait pu rapporter 2,2 milliards d’euros.
Evergrande avait suspendu sa cotation à Hongkong le 4 octobre après plusieurs échéances manquées de remboursements de prêts.
Le groupe avait annoncé mercredi soir que les échanges boursiers sur son action reprendraient ce jeudi, tout en avertissant qu’il pourrait « ne pas pouvoir honorer ses obligations financières ».
Dans l’attente d’une réaction de Pékin
Des dizaines de propriétaires lésés, n’ayant pas reçu livraison de leur appartement, ainsi que des fournisseurs non payés avaient manifesté en septembre devant le siège du groupe, à Shenzhen (sud de la Chine).
Evergrande « va continuer à mettre en œuvre des mesures pour atténuer [ses] problèmes de liquidités », avait assuré mercredi le promoteur immobilier pour tenter de rassurer les investisseurs.
Malgré une tempête en septembre sur les marchés financiers, inquiets des répercussions d’une faillite potentielle du groupe, Pékin n’a toujours pas dit clairement s’il se porterait ou non au secours de l’entreprise.
Evergrande, qui s’est lancé ces dernières années dans une diversification tous azimuts, se débat depuis plusieurs semaines pour honorer ses paiements d’intérêts et ses livraisons d’appartements.
Outre l’immobilier, le groupe, sûr de sa force financière, avait investi dans le tourisme, le numérique, les assurances, la santé ou encore la voiture électrique, ce qui explique en partie sa dette abyssale.
La mauvaise santé d’Evergrande n’est toutefois qu’un des symptômes du secteur immobilier chinois globalement grippé.
Chute de l’immobilier en Chine
Les prix des logements neufs sont ainsi en repli pour la première fois en six ans, dans un contexte de méfiance des acheteurs face au risque de faillite de plusieurs promoteurs.
Dans 70 grandes et moyennes villes de Chine, les tarifs étaient ainsi orientés à la baisse sur un an en septembre, a fait savoir mercredi le Bureau national des statistiques (BNS), sans donner de pourcentage précis.
Selon les calculs de l’agence Bloomberg, les prix ont baissé en moyenne de près de 1 %. Une petite révolution alors que le secteur immobilier a longtemps été l’une des locomotives de l’économie chinoise avec la construction de millions de logements. Une frénésie stimulée par le besoin de la plupart des Chinois d’accéder à la propriété, étape quasi obligatoire avant un mariage.
Face au gonflement de la dette dans l’immobilier, les régulateurs ont imposé l’an passé au secteur « trois lignes rouges », des ratios prudentiels qui visent à réduire le recours à l’emprunt des promoteurs. Les plus fragilisés d’entre eux peinent, depuis, à maintenir à flot leurs activités.
A la fin de septembre, Evergrande a ainsi été dans l’incapacité d’honorer des remboursements d’emprunts, totalisant 131 millions de dollars (113 millions d’euros). Et, en octobre, le groupe n’a pu honorer un troisième prêt d’un montant de 148 millions de dollars (127 millions d’euros).
Evergrande dispose toutefois d’un délai de grâce de trente jours pour chaque emprunt. La date butoir du premier paiement tombe le 23 octobre, soit ce samedi.
Pékin a tenté de rassurer la semaine dernière sur la santé du groupe. La banque centrale chinoise a estimé que la situation d’Evergrande était certes délicate, mais que le risque de contagion au système financier était « gérable ».
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