Cela reste l’un des principaux enjeux de la crise des sous-marins, alors que Joe Biden et Emmanuel Macron doivent se reparler dans les prochains jours au téléphone. Des consultations engagées pour tenter de surmonter la brouille liée au pacte de défense Aukus, conclu entre Canberra, Londres et Washington, négocié dans le dos de Paris. L’alliance annoncée le 15 septembre a fait voler en éclats le partenariat tissé de longue date entre la France et l’Australie, autour de la vente de sous-marins conventionnels, un contrat lui-même considéré comme emblématique de la présence française dans l’Indo-Pacifique.
Le coup a été brutal, déclenchant une colère noire à Paris. Il a aussi mis en lumière les limites du positionnement de la France, dans un contexte de rivalités grandissantes entre les Etats-Unis et la Chine : avec Aukus, Joe Biden a porté un rude coup aux efforts déployés par Paris pour tenter de mener une politique autonome face à Pékin, quitte à prendre ses libertés avec les choix de Washington.
Les velléités françaises ne sont pas récentes. Certains les présentent, au sein de l’exécutif français, comme une « troisième voie » entre une Chine de plus en plus agressive et l’allié américain, chaque jour plus soucieux d’endiguer son grand rival asiatique. L’idée de faire prévaloir les intérêts français est d’autant plus forte que Paris se méfie de l’escalade, voire des risques d’affrontement, entre les deux puissances, dans une ambiance parfois considérée comme une « nouvelle guerre froide ». « La France refuse la logique confrontationnelle des Etats-Unis, dont elle est bien sûr l’alliée, et veut ménager les voies de coopération avec la Chine », dit-on à Paris. Une analyse confortée par les années Trump, les relations sino-américaines s’étant considérablement dégradées pendant le mandat de l’ex-président républicain. Et qui n’est pas remise en cause, en dépit de l’affaire Aukus.
Pour la diplomatie française, la Chine doit à la fois être considérée comme un partenaire sur les sujets mondiaux, comme la lutte contre le réchauffement climatique, et comme un « rival systémique » contre lequel il faut savoir « montrer les muscles quand c’est nécessaire », précise un représentant français. « Mais l’escalade militaire en Indo-Pacifique ne dit rien aux Européens : même s’ils se sentent plus proches des Etats-Unis, ils ne veulent pas se laisser embarquer dans une compétition militaire sino-américaine », explique Jean-Marie Guéhenno, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur à l’université de Columbia.
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