Chronique. Il est un pays européen où des adversaires politiques s’affrontent sans s’invectiver, où les campagnes électorales ne sont pas dominées par des surenchères sur l’insécurité et l’immigration, où, une fois le scrutin terminé, des parties discutent pour trouver des terrains d’entente pour gouverner ensemble en dépit de leurs différences. Ce Pays de cocagne démocratique s’appelle l’Allemagne.
Vendredi 15 octobre, moins de trois semaines après les élections législatives du 26 septembre, le Parti social-démocrate (SPD), arrivé en tête, les Verts et les libéraux du FDP ont jeté les premières bases d’une plate-forme de coalition gouvernementale. Tout n’est pas réglé, l’accord peut capoter sur des points de détail ou des postes de ministre, mais chacun des partis s’est entendu sur ses grandes lignes de priorité et les concessions qu’il était prêt à faire.
Le SPD renonce à un impôt sur les plus riches qui défrisait le FDP, mais obtient une augmentation substantielle du salaire minimum. Les Verts privilégient une généralisation des énergies durables et une accélération – non datée précisément – de l’arrêt du charbon, jugées plus importantes que la limitation de vitesse sur les autoroutes. Les libéraux acceptent ces augmentations de salaire et la décarbonation, mais se félicitent du maintien de la rigueur budgétaire.
Tout semble fait pour circonscrire les pulsions politiques les plus populistes. Les débats télévisés préélectoraux ressemblent plus à un épisode d’Inspecteur Derrick qu’à Game of Thrones. Le soir de l’élection, ce sont les têtes de liste elles-mêmes qui viennent participer au débat pour analyser les résultats et expliquer leur projet. Cela s’avère plus efficace que des seconds couteaux qui vont de chaîne en chaîne pour critiquer leurs adversaires et essayer de commenter la déclaration solennelle faite par leur leader respectif. Cela permet d’éviter les surenchères cathodiques. D’autant que les chaînes d’information ont moins d’impact et qu’on n’a pas assisté à une « foxisation » du paysage médiatique, quand l’interprétation politique de l’information prime sur sa véracité.
Apaisement du dialogue
L’Allemagne, comme de nombreux pays européens, a bien vu surgir un parti d’extrême droite, qui affiche de bons scores, notamment dans l’est du pays. Mais quatre ans après son entrée retentissante au Parlement, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a reculé lors des dernières législatives. Après la reconduction de la « GroKo », la grande coalition entre le SPD et la CDU d’Angela Merkel, l’AfD était le premier parti d’opposition avec un certain nombre d’avantages en matière de droits de parole et de participation aux commissions.
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