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« Mourir pour Taïwan ? C’est très loin, Taïwan. A l’OTAN, les Européens n’ont pas signé pour ça »

Des porte-avions britanniques et américains, et les forces maritimes japonaises, en mer des Philippines, le 3 octobre 2021. JASON TARLETON / AP

Mourir pour Taïwan ? La question, à première vue, paraît absurde. Comment pourrait-on lui prêter le caractère d’urgence que présentait, de triste mémoire, la question « Mourir pour Dantzig ? », posée en mai 1939, par le député pacifiste et futur pétainiste Marcel Déat face à la menace hitlérienne ?

Impossible, pourtant, d’affirmer aujourd’hui qu’elle ne peut pas se poser. La montée de la tension entre la Chine et les Etats-Unis se cristallise de plus en plus sur cette petite île de 23 millions d’habitants au large de la Chine continentale, sorte de village gaulois peuplé d’Astérix chinois qui revendiquent leur indépendance et s’accrochent à leur identité de démocratie. Les Taïwanais ont le soutien des Etats-Unis ; ils semblent assez convaincus qu’ils viendront les défendre – bien qu’aucun traité de défense ne les y oblige – si d’aventure le régime communiste de Pékin allait plus loin que les multiples incursions et autres démonstrations de force dont l’Armée populaire de libération gratifie régulièrement les espaces aérien et maritime de Taïwan.

Il faut donc envisager tous les scénarios, et celui d’un conflit sino-américain qui éclaterait à la suite d’une agression menée par la Chine contre Taïwan n’est pas le plus farfelu. Le ministre de la défense de la petite République, Chiu Kuo-cheng, affirmait, le 6 octobre, que la Chine, en pleine accélération de ses programmes d’armement, serait en capacité d’envahir Taïwan dès 2025 : « C’est la situation la plus dangereuse que j’aie connue en quarante ans de carrière militaire », a-t-il ajouté. La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a rappelé aux démocraties occidentales, dans un récent article de la revue Foreign Affairs, l’enjeu d’un tel scénario : « Si Taïwan tombait, écrit-elle, les conséquences seraient catastrophiques pour la paix régionale et le système d’alliances démocratiques. Ce serait le signe que, dans la compétition mondiale des valeurs, l’autocratie l’emporterait sur la démocratie. »

C’est bien en ces termes, d’ailleurs, que raisonne l’administration Biden à Washington, tandis qu’à Pékin Xi Jinping ne cesse de durcir sa posture. Il a déjà mis au pas Hongkong, provoquant l’indignation des démocraties occidentales – mais guère plus. Il militarise sa présence en mer de Chine méridionale. En août, la propagande chinoise a présenté le retrait américain d’Afghanistan comme un signe de faiblesse qui augurait mal d’un éventuel soutien à Taïwan. « La Chine cherchera à tester la détermination américaine et taïwanaise à résister, tout en continuant à se préparer à la grande offensive, avertissait à ce moment-là dans Le Monde Mathieu Duchâtel, expert de l’Asie à l’Institut Montaigne. Elle ne peut y parvenir qu’en créant des situations de crise. »

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