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Les talibans à l’offensive pour briser leur isolement diplomatique

Des travailleurs afghans tentent, en vain, de retirer de l’argent dans une banque après l’effondrement du système bancaire suite au gel des avoirs afghans et à la non-reconnaissance diplomatique du nouveau gouvernement taliban, le 12 septembre 2021 à Kaboul. BERNAT ARMANGUE / AP

Ils pensaient avoir fait le plus dur en négociant le retrait américain d’Afghanistan et en chassant l’ancien régime. Les talibans découvrent, depuis leur retour au pouvoir, que la communauté internationale n’a pas l’intention, pour autant, de faciliter leur intégration au sein du concert des nations. Depuis la chute de Kaboul, le 15 août, aucun pays n’a reconnu leur gouvernement, et les fonds de la Banque centrale afghane restent gelés aux Etats-Unis et en Europe. Pour briser ce blocus diplomatique et économique, les dirigeants talibans ont décidé d’investir le terrain des relations internationales en s’appuyant sur leurs amis politiques.

Point d’orgue de cette recherche d’appuis, une conférence est organisée, à Moscou, le 20 octobre, afin, dit le gouvernement russe, « d’ouvrir la voie à une amélioration des relations entre l’Afghanistan et les autres pays, ainsi qu’à la reconnaissance de son gouvernement ». Mais pas plus les Russes que les Pakistanais, soutiens historiques des ex-insurgés, ou d’autres pays amis de ces fondamentalistes musulmans, n’ont pour l’instant ouvert la voie à cette reconnaissance. Selon le représentant russe pour l’Afghanistan, Zamir Kabulov, les Etats-Unis, la Chine, le Pakistan, l’Iran et l’Inde ont été conviés. Washington a décliné l’invitation.

Délégation de « haut niveau »

Pour cette première conférence politique internationale organisée depuis la chute de Kaboul, les talibans ont annoncé l’envoi d’une délégation de « haut niveau » menée par Abdul Salam Hanafi, deuxième adjoint du premier ministre. Il devait être entouré de plusieurs ministres dont Amir Khan Muttaqi, en charge des affaires étrangères. Ce dernier, avant de quitter Kaboul, a exhorté les pays qui « entretiennent de bonnes relations avec l’émirat islamique, en particulier ceux de la région, à faire le premier pas et reconnaître le gouvernement ». Il a, de plus, de nouveau, appelé au déblocage des « avoirs afghans dans le monde ».

A l’adresse de la communauté internationale, le même Muttaqi a lié la question de la reconnaissance de son gouvernement à la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) qui multiplie, depuis la fin août, en Afghanistan, les attentats contre la communauté chiite et les soldats talibans. « [L’EI], a-t-il dit, n’a pas de capacité militaire et de sanctuaire en Afghanistan. » Mais, selon lui, « l’affaiblissement du gouvernement actuel de l’Afghanistan et la pression exercée depuis l’étranger profitent à Daech ». Le ministre des affaires étrangères a, enfin, souhaité que les projets de développement inachevés en Afghanistan reprennent vie.

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