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Erevan et Bakou bataillent devant la Cour internationale de justice

A Bakou, le 10 décembre 2020, des manifestants grimés aux couleurs du drapeau national, assistent à la parade militaire après la reprise des territoires arméniens du Haut-Karabakh par les troupes azerbaïdjanaises. LAURENCE GEAI

Une nouvelle bataille – juridique cette fois – oppose Erevan et Bakou. Pendant quatre jours, entre le 14 et le 19 octobre, les deux Etats ont poursuivi leur conflit devant la Cour internationale de justice (CIJ). A la mi-septembre, l’Arménie avait porté plainte contre l’Azerbaïdjan, l’accusant de violer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD). Les deux anciennes républiques soviétiques se sont affrontées par les armes pour le contrôle du Karabakh, lors de la guerre de 1992-1993, à l’avantage de l’Arménie, mais l’Azerbaïdjan l’a emporté à l’issue d’un nouveau conflit meurtrier à l’automne 2020.

« Culture de peur et de haine »

Bakou a répliqué par une procédure similaire. Et les deux capitales demandent aujourd’hui aux juges d’ordonner des mesures d’urgence avant de se prononcer sur le fond. L’Arménie réclame notamment la libération de prisonniers, toujours détenus malgré le cessez-le-feu de novembre 2020. L’Azerbaïdjan, de son côté, demande les cartes militaires détaillant l’emplacement de mines posées par l’armée adversaire avant son retrait de l’enclave du Haut-Karabakh.

« Générations après générations, ils [les Azerbaïdjanais] sont endoctrinés dans cette culture de peur et de haine », a dénoncé devant la cour Yeghishe Kirakosyan, le représentant de l’Arménie. Le vice-ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, Elnur Mammadov, a répliqué en évoquant « deux guerres d’agression de l’Arménie et presque trente ans d’occupation ».

Bakou affirme qu’Erevan refuse de remettre les cartes des mines dans l’objectif de « dissuader la population azerbaïdjanaise de revenir ». Les avocats de la partie arménienne assurent que ces mines ont été posées « à des fins défensives » et non pour discrimination raciale. L’Arménie implore les juges de ne pas l’obliger à remettre ses cartes, au risque d’affaiblir sa sécurité. Elle assure être prête à fournir certaines cartes « concernant les champs de mines situés derrière les lignes actuellement détenues par les forces armées azerbaïdjanaises », mais dans un cadre visant à « résoudre tous les problèmes humanitaires en suspens ». Une condition qui irrite Bakou.

« Cartes de mines terrestres »

L’Arménie réclame pour sa part d’ordonner à l’Azerbaïdjan de libérer 42 combattants de guerre et trois civils « torturés et détenus arbitrairement », ainsi que des « dizaines » de disparus. « Ils ont été accusés ou condamnés pour des crimes graves, y compris la torture, le mercenariat et l’espionnage », se défend Bakou, qui assure qu’ils sont bien traités. En juin, d’autres détenus ont été libérés, échangés « pour des cartes de mines terrestres dont l’Azerbaïdjan avait un besoin urgent pour protéger son peuple (…) que l’Arménie a continuellement refusé de fournir », protestent les avocats de Bakou.

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