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Une affiche déchirée de Mouammar Kadhafi à Tripoli, en septembre 2011. ANIS MILI / REUTERS
Mouammar Kadhafi a été lynché à mort le 20 octobre 2011 à proximité de Syrte par des insurgés. Dix ans après, la Libye ne s’est toujours pas affranchie de l’héritage des quarante-deux ans de règne du « Guide », un passif qui explique en partie la fragmentation qui a suivi la révolution. A l’heure où une certaine nostalgie de l’ancien régime affleure dans une partie de la population, les réseaux kadhafistes demeurent influents mais peinent à trouver en leur sein un chef qui pourrait « incarner une alternative » leur permettant de « rétablir l’ordre pré-2011 », estime Virginie Collombier, chercheuse et professeure à l’Institut universitaire européen de Florence.
Comment Mouammar Kadhafi est-t-il perçu en Libye dix ans après sa mort ?
La population est divisée sur l’héritage de Kadhafi. Pour les partisans de la révolution et ceux qui ont souffert de la répression du régime, si les nouveaux dirigeants ne sont pas parvenus à reconstruire un système qui fonctionne après 2011, c’est essentiellement parce que Kadhafi n’a pas su édifier un véritable Etat durant ses quarante ans de règne. Quand le régime s’est effondré, les institutions sont tombées avec lui.
« Une partie de la population éprouve une forme de nostalgie à l’égard de Kadhafi »
Mais une autre partie de la population éprouve, elle, une forme de nostalgie à l’égard de Kadhafi. Elle le voit comme celui qui a offert une « voie » à la Libye, celui qui a été capable d’assurer l’indépendance du pays. Les gens se rappellent qu’il n’y avait pas de grande pauvreté à l’époque de Kadhafi, que les bénéfices du pétrole était distribués de manière plus juste, que la vie était moins chère. La vision qu’ils conservent est celle d’une plus grande justice sociale.
Qu’est-ce qui caractérisait le « système kadhafiste » ?
Les liens personnels, politiques, tribaux, mêlés à la centralité de la richesse pétrolière qui faisait de la Libye un Etat rentier, étaient les principales caractéristiques de la Jamahiriya. C’était un système qui articulait de manière très complexe allégeances politiques et distribution économique.
Que sont devenus les réseaux kadhafistes dans la nouvelle configuration politique et militaire post-2011 ?
Ils sont aujourd’hui éparpillés dans tout le spectre politique libyen. On peut les retrouver dans l’ouest, au sein du nouveau gouvernement d’union nationale à Tripoli, comme dans l’est, dans l’entourage du maréchal Khalifa Haftar. Ils sont aussi présents dans le « courant civil », ces partis et groupes politiques qui ont émergé au cours des dernières années pour participer au nouveau jeu politique institutionnel issu des élections de 2012 puis 2014. Les kadhafistes se sont en quelque sorte disséminés pour polliniser l’ensemble de l’échiquier politique. Ils se sont reconfigurés, en réorganisant les liens entre forces sociales et forces économiques. C’est une sorte de toile d’araignée qui se réadapte en fonction du vent.
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