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Des pilotes adolescents payent de leur vie la passion espagnole des courses motos

Minute de silence en hommage à Dean Berta Viñales, lors d’une épreuve du championnat du mondede MotoGP, à Austin (Texas). GIGI SOLDANO / GIGI SOLDANO / DPPI /AFP

« Quatorze ans, ce n’est pas un âge pour mourir. Toute une vie fauchée… » Ainsi avait réagi le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, sur Twitter, lorsque le jeune pilote de moto Marcos Garrido Beltrán avait trouvé la mort sur le circuit de Jerez après être tombé dans un virage lors du dernier tour. C’était en mars 2019, et ce gamin fluet à la bouille ­d’enfant participait à une course de la catégorie Supersport 300 du championnat d’Andalousie. Il chevauchait une moto Yamaha R3 de 321 cm3, pesant 170 kg et capable d’atteindre une vitesse de 185 ­kilomètres-heure.

Le 25 septembre, sur ce même circuit de Jerez, Dean Berta Viñales, 15 ans, est mort à son tour dans des conditions similaires. Lui aussi était considéré comme un espoir de ce sport. Son oncle Maverick Viñales, pilote de MotoGP, se vantait de mettre de l’essence dans les biberons des bébés de la famille.

En juillet, c’est un autre adolescent espagnol de 14 ans, Hugo Millán, au visage poupon, qui est décédé lors d’une épreuve junior ouverte à partir de 12 ans. Il n’avait que 7 ans quand il était entré dans la Cuna de los campeones (« le berceau des champions »), l’école de moto de Cheste, près de Valence, où des enfants sont initiés dès l’âge de 4 ans. A 10 ans, les futurs motocyclistes peuvent commencer la compétition sur des circuits de vitesse. A 14 ans, ils participent au championnat de Supersport 300. En juin 2018, Andreas Pérez n’avait que 14 ans lorsqu’il a perdu la vie, lui aussi, sur le circuit de Montmeló, en Catalogne.

Des réactions indignées

Après le décès de Dean Berta Viñales, les réactions n’ont pas tardé dans la presse. « Pas un de plus », implorait le site spécialiste Solo Moto, tandis que Motor Pasion Moto estimait que les risques pris sont « insupportables ». Au quotidien El País, même s’il s’est dit « inquiet », le président de la Fédération ­motocycliste espagnole (RFME), Manuel Casado, a repris l’argumentaire habituel : « Tout le monde sait que le motocyclisme est un sport à haut risque. » Il envisagerait tout de même de ­reculer l’âge auquel les pilotes ont accès à de grands circuits, actuellement fixé à 12 ans, et de réduire le nombre de participants. Car le 25 septembre, pas moins de 42 motos ont pris place sur la ligne de départ aux côtés de Dean Berta Viñales.

Mais, avec cette dernière tragédie, la controverse est montée d’un cran, ­alimentée par les déclarations du pilote Michel Fabrizio, 37 ans. Sur Facebook, le soir même de l’accident, alors qu’il annonçait sa retraite, le champion italien a évoqué « une hécatombe ». « Je refuse de concourir étant donné le manque de respect envers la vie humaine. Il est l’heure de dire stop », a-t-il publié, avant de mettre en cause « l’indifférence de la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) » qui « ne joue pas son rôle de protectrice mais préfère faire des affaires », avec « 42 enfants dans la Coupe Yamaha et encore 43 en Supersport 300 : trop de pilotes avec peu ou pas d’expérience ».

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