Un marché du nord-ouest du Nigeria a été la cible d’une attaque sanglante, la troisième en moins d’un mois, dimanche 17 octobre au soir : 43 personnes ont été tuées par des hommes armés appartenant à un groupe criminel à Goronyo, dans l’Etat de Sokoto. « C’était un jour de marché et il y avait beaucoup de commerçants », a précisé Muhammad Bello, le porte-parole du gouvernement de Sokoto, joint au téléphone par l’AFP. Le porte-parole de la police, Sanusi Abubakar, a indiqué que « les forces de sécurité sont sur place pour mener l’enquête », sans plus de détails.
Le nord-ouest et le centre du Nigeria sont depuis plusieurs années le théâtre de violences perpétrées par des groupes armés, appelés localement « bandits », qui attaquent les villages, volent du bétail, pillent et kidnappent contre le versement de rançons. Il y a dix jours, au moins 19 personnes ont été tuées dans l’attaque d’un marché dans un autre village de Sokoto, dans le district de Sabon Birni. Il s’agissait de représailles après que onze personnes avaient été tuées plus tôt dans un marché d’un village voisin par un groupe d’autodéfense qui combat les groupes criminels.
Depuis des années, une âpre compétition pour les ressources naturelles oppose éleveurs transhumants et agriculteurs sédentaires dans ces régions du Nigeria, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail. Aggravées par le changement climatique et l’explosion démographique dans ce pays de 200 millions d’habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire, entre attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés.
Offensive terrestre et aérienne
Depuis plusieurs semaines, des troupes de l’armée nigériane conduisent une offensive terrestre et aérienne contre des camps de bandits situés dans l’Etat voisin de Zamfara. Certains bandits qui ont réussi à échapper à cette opération militaire ont établi des camps dans les Etats avoisinants, comme Sokoto, où ils multiplient les attaques.
Pour empêcher les groupes criminels de se coordonner entre eux, les réseaux téléphoniques ont été coupés par les autorités sur une partie du nord-ouest, ce qui empêche parfois les villageois de prévenir les forces de sécurité en cas d’attaque. Les informations concernant les attaques mettent également du temps à parvenir aux médias. Les autorités de Sokoto ont affirmé dans leur communiqué avoir demandé « plus de ressources » et « le déploiement de davantage de forces de sécurité » pour faire face à cette menace.
Ces groupes criminels agissent a priori sans motivation idéologique, même si des liens avec les groupes djihadistes du nord-est sont attestés depuis plusieurs années et semblent s’intensifier depuis plusieurs semaines. L’armée nigériane a affirmé fin septembre que des combattants présumés du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) et des criminels avaient attaqué l’une de leurs bases dans l’Etat de Sokoto.
Depuis fin 2020, les gangs criminels ont également commencé à prendre pour cible des écoles, enlevant plus de 1 400 élèves. Du fait de ces attaques, un million de jeunes Nigérians vont manquer l’école cette année, selon l’Unicef.
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