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États-Unis : trois hommes blancs jugés pour le meurtre du joggeur noir Ahmaud Arbery

Publié le : 18/10/2021 – 16:17

Le procès de trois hommes blancs accusés du meurtre du jeune joggeur noir Ahmaud Arbery en février 2020 s’ouvre lundi aux États-Unis. Très médiatique, l’affaire avait scandalisé l’Amérique et alimenté les manifestations antiracistes du mouvement Black Lives Matter de l’été 2020.

Trois hommes blancs sont jugés à partir de lundi 18 octobre pour le meurtre du jeune joggeur noir Ahmaud Arbery qui, malgré les efforts de la justice locale pour étouffer l’affaire, avait scandalisé l’Amérique et alimenté les grandes manifestations antiracistes de l’été 2020.

Le procès de Gregory McMichael, 65 ans, de son fils Travis, 35 ans, et d’un de leurs voisins, William Bryan, 52 ans, commencera par la sélection des jurés dans un tribunal de l’État de Géorgie, à Brunswick.  

Le 23 février 2020, Ahmaud Arbery, 25 ans, était en train de faire du jogging dans cette localité côtière du sud des États-Unis quand il avait été pris en chasse par les trois hommes.

Le père et son fils, armés, étaient à bord du même pick-up tandis que leur voisin les suivait avec son propre véhicule en filmant la scène. Après une altercation, le jeune McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur.

>> À voir : « Black Lives Matter : Ahmaud Arbery ‘n’aurait jamais imaginé que sa vie serait stoppée net’ »

Les trois hommes avaient ensuite assuré l’avoir pris pour un cambrioleur actif dans les environs et avaient invoqué une loi de Géorgie autorisant de simples citoyens à procéder à des arrestations.

Pendant près de trois mois, les services du procureur local, pour qui Gregory McMichael, un policier à la retraite, avait longtemps travaillé, n’avaient ordonné aucune interpellation.

Il avait fallu la diffusion de la vidéo du drame, relayée massivement sur les réseaux sociaux début mai 2020, pour que l’enquête soit confiée à la police de l’État. Peu après, les trois hommes avaient été interpellés et inculpés pour « meurtre » et « fausse arrestation ».

La mort de George Floyd, quelques jours plus tard, sous le genou d’un policier blanc, avait relancé le débat sur les violences envers les Afro-Américains et le nom d’Ahmaud Arbery avait résonné dans les cortèges qui avaient éclos à travers les États-Unis jusqu’à la fin de l’été.

Fresques, slogans, portraits : le jeune joggeur est devenu une figure emblématique du mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent »). « Un homme noir devrait pouvoir faire du jogging sans craindre pour sa vie », avait même tweeté le président démocrate Joe Biden à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.

La Géorgie a changé ses lois

Compte tenu de l’extrême médiatisation du dossier, la sélection des jurés doit durer plusieurs jours.

Les accusés devraient ensuite plaider la légitime défense, en soutenant qu’Ahmaud Arbery a résisté à une arrestation légitime. Les procureurs devraient eux insister sur le fait que le jeune homme n’était pas armé et que rien ne le lie à une série de cambriolages ayant eu lieu dans le quartier où il courait.

L’avocat Ben Crump, spécialiste des dossiers de violences policières, a espéré que le tribunal rejette la « tactique » des accusés. « Si ces tueurs s’en sortent, cela voudrait dire que lyncher des hommes noirs en 2021 est sans conséquence. »

Depuis le drame, l’État de Géorgie a adopté une loi réprimant les crimes racistes et a aboli celle qui autorisait les citoyens à procéder à des arrestations.

Mais au moment des faits, elle n’avait aucun dispositif légal pour prendre en compte les mobiles racistes. Pour pallier ce vide, la justice fédérale est intervenue et a inculpé les trois hommes de crime raciste. Ce volet fera l’objet d’un autre procès, devant un tribunal fédéral, en février.

Par ailleurs, la mère d’Ahmaud Arbery a déposé une plainte au civil et réclame un million de dollars de dédommagements. Elle vise les McMichael et William Bryan, mais aussi des policiers et procureurs locaux accusés d’avoir voulu étouffer l’affaire.

Plus rare : l’une des procureurs locaux, Jackie Johnson, a été inculpée en septembre pour violation de son serment professionnel. Selon l’acte d’accusation, elle aurait « montré des faveurs et de l’affection » envers Gregory McMichael, qui a longtemps travaillé dans son service, et ordonné aux policiers chargés des investigations de ne pas arrêter son fils.

Avec AFP

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