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Derrière « Squid Game », la violence sociale en Corée du Sud

Un homme regarde un épisode de la série « Squid Game » sur son téléphone, à Séoul, le 30 septembre 2021. KIM HONG-JI / REUTERS

Le succès mondial de la série sud-coréenne Squid Game va bien au-delà du simple nombre de personnes l’ayant dévorée sur Netflix ou du pop-up store ouvert, les 2 et 3 octobre, dans le 2e arrondissement de Paris pour le plus grand bonheur de ses fans. L’histoire de ces « perdants » de la société sud-coréenne – un père criblé de dettes, une transfuge nord-coréenne, un immigré pakistanais et des petits ­malfrats – s’affrontant dans différents jeux pour empocher 45,6 milliards de wons (32,5 millions d’euros), tout en sachant qu’ils seront froidement abattus en cas de défaite, trouve un écho particulier en Corée du Sud. Et pas seulement parce que les jeux choisis rappellent ceux de l’enfance.

La situation est telle dans le pays que des personnes lourdement endettées en sont venues à composer un numéro de téléphone attribué à « Squid Game », croyant joindre les organisateurs du jeu, pour y participer.

Pour de nombreux Coréens, la série est l’exact reflet de la cruelle réalité sociale, notamment née de la crise du Covid-19. Pourtant, le projet de série remonte bien à 2008, mais son réalisateur, Hwang Dong-hyuk, a eu du mal à convaincre les producteurs de financer un projet reflétant les difficultés de la société. « En seulement dix ans, nous avons évolué pour nous retrouver dans un monde aussi cruel que ce drame de la survie, ce monde où le gagnant rafle tout. Je suis triste », a-t-il expliqué au quotidien Joongang.

Une dette des ménages supérieure à 100 % du PIB

Dans la série sud-coréenne diffusée par Netflix, des marginaux risquent leur vie dans des jeux d’enfants traditionnels pour tenter de remporter des milliards de wons. YOUNGKYU PARK / NETFLIX / AFP

L’histoire du personnage principal est particulièrement ­éloquente : après avoir été viré à l’occasion de restructurations dans l’industrie automobile, il ouvre sans succès plusieurs petits restaurants. Le résultat est mathématique : il se met à accumuler des dettes. Comme des centaines de milliers de Coréens, dans la vraie vie. Lee Kang-kook, économiste de l’université Ritsumeikan, explique dans le quotidien Hankyoreh que ce drame est similaire à celui des petites entreprises familiales en difficulté depuis le début de la pandémie. « Elles concernent un cinquième des travailleurs de Corée du Sud. Or ce sont elles qui ont subi le plus fort impact. »

La dette des ménages en Corée du Sud, la plus élevée d’Asie, dépasse 100 % du PIB. Les familles accumulent des crédits, accordés assez facilement par les banques, pour payer leur logement (dont les prix explosent) et envoyer leurs enfants dans les meilleures universités. C’est en majorité pour des affaires de dettes que près de 800 personnes ont tenté de mettre fin à leurs jours entre 2014 et 2018, en sautant du pont Mapo de Séoul, surnommé le Pont de la mort.

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