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Christian Louboutin trouve « beaucoup d’intérêt » dans « certaines formes de laideur »

Christian Louboutin, créateur des iconiques escarpins à la semelle rouge, s’est laissé séduire par des accessoires aussi « repoussants » que certains films de David Lynch. Car « la provocation » est un élément « très classique » dans la mode, relève-t-il dans un entretien à l’AFP.

Les accessoires doivent interroger, mais sans culpabiliser celui qui les porte, résume le styliste, président du jury des accessoires de mode du festival international de Hyères, dans le sud de la France, qui s’achève dimanche.

Q – Quels sont les critères qui vous ont guidé dans le choix des finalistes?

R – L’émotion et l’interrogation. Cela n’a pas besoin d’être une chose que j’aime ou que je porterais, mais il faut que cela me porte à vouloir en savoir plus. Dans certaines formes de laideur, il y a beaucoup d’intérêt. Cela ne doit pas être +beau+ au sens classique, cela doit interroger, cela doit frapper.

Exposition « Fetish » de photos prises par le réalisateur américain David Lynch de chaussures de Christian Louboutin à Hong Kong, le 12 novembre 2008 (AFP/Archives – ANNE-CECILE GUTHMANN)

J’adore David Lynch, certains films que j’ai vus étaient repoussants, mais cela ne m’a pas du tout empêché d’aimer son travail, d’aller voir ses films suivants… Il y a des films qui sont très beaux et très angoissants. La provocation est un facteur tout à fait classique de la mode finalement.

On est dans une période assez repoussante. Quand je vois des sabots en plastique, je trouve ça hyper repoussant, (mais) il y a beaucoup de (ces) choses qui sont considérées très à la mode.

Q – Quel est le rôle des accessoires dans la mode?

R – Mettre l’accent. L’un des finalistes parlait d’une forme d’inutilité. Les bijoux, on les porte, mais ils n’ont aucune fonction +utile+, contrairement au vêtement ou au soulier.

Le rôle de l’accessoire est de mettre des accents très personnels dans une forme de standardisation vestimentaire, l’accessoire parle plus de la personnalité, de manière subtile.

Car les messages ne doivent pas être trop démonstratifs, il faut les sentir en filigrane. Si les gens veulent acquérir quelque chose que vous faites, c’est pour se sentir bien avec, pas pour se sentir coupables ou responsables.

Q – Vous avez présenté votre dernière collection de chaussures à l’Atelier des lumières à Paris avec une performance et un show immersif. Est-ce que la pandémie et le virtuel ont changé la façon de montrer la mode?

R – Tout est bien à essayer, il n’y a pas de raison de montrer la mode de façon figée et de s’y tenir. Les choses bougent. Il y a de nouvelles technologies qui permettent de faire des choses assez incroyables, très évocatrices.

Parmi ces technologies, le mapping (une technologie multimédia qui permet de projeter de la lumière sur des volumes et recréer des images de grande taille sur des monuments: ndlr). C’est toujours bien de jouer avec cela. J’ai un goût pour le théâtre, le music hall. Tout ce qui est divertissement m’a toujours intéressé. Nous n’en sommes encore qu’aux prémices, une histoire est en train de s’installer.

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