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A Doha, un camp de transit quatre étoiles des exilés afghans

Le directeur général de  l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus (2e à droite), visite le Park View Villas, à Doha, le 19 septembre 2021. La résidence prévue pour  la Coupe du monde de football 2022 abrite des réfugiés afghans. KARIM JAAFAR / AFP

Au Qatar, le Park View Villas, un lotissement nouvellement bâti en périphérie de Doha, devait ouvrir ses portes durant le Mondial 2022. Mais l’entrée des talibans dans Kaboul, à la mi-août, a accéléré sa mise en service. Au lieu d’être étrenné par des supporteurs de football ou des employés de la FIFA, à l’ouverture de la Coupe du monde, en novembre de l’année prochaine, l’endroit a été inauguré, fin août, par des réfugiés afghans.

La résidence fait partie des sites réquisitionnés dans l’émirat pour héberger les personnes ayant fui Kaboul et ses nouveaux maîtres islamistes, dans les avions de Qatar Airways, la seule compagnie aérienne à voler vers l’Afghanistan. Des milliers d’évacués y sont passés, ces dernières semaines, et près de 400 personnes y vivent aujourd’hui dans l’attente du visa qui leur permettra de se réinstaller dans un pays tiers, les Etats-Unis, l’Allemagne ou ailleurs.

Ce camp de transit quatre étoiles est composé d’une centaine d’unités au design standardisé, reliées par des allées arborées, bordant des terrains de handball et de basket-ball. Enrichi pour l’occasion d’une scène de concert et de théâtre en plein air, il a des faux airs de village vacances. Le séjour est financé intégralement par les autorités de Doha, du petit déjeuner aux couches pour bébé, en passant par les séances de psy et les cours de dessin.

Peur d’un avenir incertain

C’est la bonne action humanitaire de l’émirat. Le Qatar joue, comme à son habitude, le rôle de l’intermédiaire charitable, tout en veillant à ce que ses invités ne prennent pas racine chez lui. Sur les 60 000 Afghans passés depuis le 15 août par son territoire, une toute petite poignée y a obtenu le droit de résidence.

Les habitants du Park View Villas, membres pour la plupart de l’élite libérale afghane, artistes, sportifs ou cadres de l’ex-gouvernement, forment une colonie d’exilés mélancoliques. Tous sont partagés entre le soulagement d’avoir échappé à la férule des talibans, la douleur du déracinement et la peur d’un avenir encore incertain.

« La moitié de mon corps est ici, au Qatar, et l’autre moitié est restée en Afghanistan », se lamente Khatera, une ancienne employée du ministère des finances, âgée de 29 ans, la chevelure couverte d’un élégant châle turquoise. Dans le salon de la maisonnette couleur sable que cette jeune mariée occupe, les abat-jour sont encore recouverts de leur emballage plastique. Un grand écran plasma, un canapé, des chaises, une table basse et une autre pour le dîner complètent cet ameublement de location d’été, sommaire, impersonnel mais fonctionnel.

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