Que font exactement les Chinois sur la base navale cambodgienne de Ream, à 25 kilomètres au sud de Sihanoukville, dans le golfe de Thailande ? La question préoccupe ouvertement les Américains depuis 2018, et a donné lieu depuis à une succession de fuites calibrées et de demandes d’explication de leur part vis-à-vis du plus fidèle soutien de Pékin en Asie du Sud-Est.
La dernière en date, mercredi 13 octobre, a vu le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Phnom Penh, Chad Roedemeier, déclarer dans un communiqué que le « gouvernement cambodgien n’a pas fait preuve d’une transparence totale quant à l’intention, la nature et la portée de ce projet ou au rôle des militaires de la République populaire de Chine, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’utilisation prévue de l’installation navale ». M. Roedemeier fait référence à une entente secrète présumée entre la Chine et le Cambodge sur l’accès de la base par des navires et du personnel militaire chinois.
Ces accusations font suite à la publication par l’Initiative pour la transparence maritime en Asie du Center for Strategic and International Studies à Washington d’une mise à jour, le 12 octobre, de l’état des travaux sur la base de Ream vus par les images satellites. « Au cours des mois d’août et de septembre, trois nouveaux bâtiments ont été construits et une nouvelle route a été dégagée » dans la partie nord de la base, signale le rapport.
Visite avec accès limité
L’implication de la Chine avait été confirmée par le ministre de la défense cambodgien, Tea Banh, lors de la visite à Phnom Penh le 1er juin dernier de Wendy Sherman, la secrétaire d’Etat adjointe : « La Chine nous aide à construire des infrastructures, mais aucune obligation n’y est attachée », avait-il déclaré. Le Cambodge proposa alors de faire visiter la base à l’attaché de défense américain. Ce dernier s’y rend le 4 juin, mais, constatant que ses hôtes ne lui montrent pas tout, demande de « reprogrammer la visite avec un accès complet dès que possible », dira le communiqué de l’ambassade.
Les Etats-Unis sont d’autant plus irrités que deux structures offertes par les Américains à la base de Ream ont été détruites en 2020 : en septembre pour la première, inaugurée en 2012 avec un financement américain et équipée par l’Australie, pour accueillir le quartier général tactique du Comité national de sécurité maritime. La seconde, en novembre, était un bâtiment de maintenance, construit en 2017, pour les Zodiac à coque dure servant aux patrouilles. Les images satellites indiquent, signale CSIS, que ces infrastructures ont été déconstruites par étapes, « ce qui pourrait corroborer les affirmations du gouvernement cambodgien selon lesquelles elles sont en cours de relocalisation ».
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