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Au Brésil, le Tribunal suprême fédéral est en première ligne face aux dérives putschistes de Bolsonaro

On savait les Brésiliens férus de télénovelas et de matchs de football, mais, depuis quelque temps, un nouveau et curieux divertissement fait fureur sur le petit écran national : les retransmissions en direct des jugements rendus par le très austère Supremo Tribunal Federal (« tribunal suprême fédéral »), plus haute instance judiciaire du pays. En apparence, rien de plus ennuyeux pourtant que ces interminables séances, lors desquelles onze juges en robe noire détaillent leur verdict sur telle ou telle affaire en cours. Ce serait oublier le poids considérable acquis par cette institution. Le « Suprême » ou « STF », comme on le surnomme, fait aujourd’hui figure de principal rempart de la démocratie brésilienne contre les pulsions putschistes du président, Jair Bolsonaro.

Siégeant à Brasilia, sur la place des Trois-Pouvoirs, exactement face au palais présidentiel du Planalto, le Tribunal suprême fédéral est un défi permanent lancé au chef de l’Etat, jusque dans son emplacement. Moins de 300 mètres séparent M. Bolsonaro des juges et de leurs somptueux bureaux, installés dans le parallélépipède de béton et de verre conçu par l’architecte Oscar Niemeyer (1907-2012). Sur la place, c’est désormais une guerre de tranchées à laquelle se livrent l’exécutif et le judiciaire.

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Depuis l’accession au pouvoir de M. Bolsonaro, le 1er janvier 2019, on ne compte plus les décrets présidentiels suspendus, censurés ou annulés par le STF. Entre autres, les juges ont ainsi bloqué le transfert au ministère de l’agriculture de compétences dans la délimitation des terres indigènes (2019), limité la libéralisation du port d’armes à feu (2019), suspendu la nomination d’un proche du président à la tête de la police fédérale (2020)…

Contre les « milices numériques »

Le « Suprême » mène également de front plusieurs enquêtes judiciaires ciblant directement le pouvoir exécutif. Deux, en particulier, retiennent l’attention. La première date de 2019 et porte sur la diffusion massive de fausses informations et de menaces à l’encontre du STF. La seconde, ouverte en juillet, se concentre sur l’existence supposée de « milices numériques » d’extrême droite agissant en ligne contre la démocratie brésilienne.

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Les juges ont opéré des perquisitions, assorties de peines de prison préventives, chez des proches du président, parmi lesquels le député d’extrême droite Daniel Silveira, ex-policier nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), qui avait qualifié un juge du STF de « clochard » et de « fils de pute ». Ou encore Roberto Jefferson, chef ultra-polémique du Parti travailliste brésilien (PTB), selon lequel les magistrats de l’institution sont des « sodomites ».

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