Il n’y aura pas de loi contre les conversions forcées au Pakistan. Le gouvernement a reculé dans sa tentative de légiférer contre ce fléau dont sont victimes les minorités religieuses. Le ministre des affaires religieuses et de l’harmonie confessionnelle a opposé son veto à un texte préparé par sa collègue du ministère des droits de l’homme. Une commission parlementaire a rejeté mercredi 13 octobre le projet de loi.
Chaque année, environ 1 000 jeunes filles chrétiennes et hindoues sont converties contre leur gré à l’islam, principalement dans les provinces du Sindh et du Pendjab. Souvent mineures, elles sont enlevées et mariées à des musulmans plus âgés. Les témoignages de jeunes filles qui ont pu s’échapper et qui sont obligées de vivre dans la clandestinité racontent des scènes dramatiques. Elles sont violées, traitées comme des esclaves, parfois attachées à une corde ou prostituées.
Le Pakistan s’est illustré ces dernières années par une intolérance croissante envers les minorités religieuses. Au moment de la partition, en 1947, il comptait 20 % de non-musulmans, il n’en reste qu’un peu plus de 3 %. Le pays de 220 millions d’habitants est composé à 96 % de musulmans, majoritairement sunnites, 1,5 % de chrétiens, 1,6 % d’hindous, 0,5 % d’ahmadis, une branche minoritaire de l’islam, qui ne sont pas reconnus comme musulmans, et d’une poignée de sikhs (moins de 30 000).
Si la Constitution garantit en principe le droit des minorités à exercer leur religion, l’égalité de statut et l’égalité des chances de tous les citoyens du pays, dans les faits, les minorités sont discriminées, violentées et paupérisées.
« Un jour sombre » pour la démocratie
Le projet de loi prévoyait une peine de cinq à dix ans de prison et une amende de 100 000 à 200 000 roupies (entre 500 et 1 000 euros) pour toute personne qui utilise la force pour convertir une personne à une autre religion. Il fixait un âge minimum, 18 ans, et imposait une période de réflexion avant que le changement de religion ne devienne effectif. La conversion devait faire l’objet d’un certificat délivré par un juge qui devait s’assurer du libre consentement et de l’absence de contrainte.
Lorsqu’il était dans l’opposition, le premier ministre, Imran Khan, avait catégoriquement condamné la conversion forcée des filles appartenant à des minorités religieuses. Aujourd’hui, son ministre des affaires religieuses, Noorul Haq Qadri, a estimé que « l’environnement n’est pas favorable » à cette loi qui aurait pu, selon lui, détériorer « la paix dans le pays » et « créer de nouveaux problèmes pour les minorités », les rendant plus « vulnérables ». Relayant la voix des religieux, le ministre a jugé que le texte allait « à l’encontre des règles de la charia et de la Constitution ».
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