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TSMC, une brève histoire de la mondialisation… et de ses limites

Dans le hall du siège de Taïwan Semiconductor Manufacturing Company, à Hsinchu, dans le sud du pays, le 29 janvier 2021. SAM YEH / AFP

Soudain, la première industrie mondiale a appuyé sur le bouton off. Peugeot, Fiat, Citroën, Volkswagen, Ford, Toyota ont annoncé à la fin du mois de septembre l’arrêt d’une bonne partie de leurs usines. Celle d’Opel à Eisenach, en Allemagne, a stoppé ses machines pour au moins trois mois. Toyota a réduit sa production mondiale de 40 % en septembre 2021 et les analystes prévoient désormais pour le secteur un manque à gagner sur l’année de plus de 200 milliards d’euros.

Ce n’est pas une épidémie ni un cyclone qui a mis à terre ce secteur vital de l’économie, mais un petit carré de verre d’un centimètre de côté finement gravé de milliards de traits dix mille fois plus minces qu’un cheveu humain. C’est à ce fil ténu que tient désormais une bonne partie de l’économie mondiale, et à une entreprise dont seuls les spécialistes avaient entendu parler avant la crise.

TSMC, pour Taïwan Semiconductor Manufacturing Company, est aujourd’hui l’entreprise la plus stratégique au monde. Parce qu’elle est pratiquement la seule à savoir fabriquer les puces électroniques de dernière génération. Parce que ces puces, appelées aussi semi-conducteurs, sont partout, dans nos cuisines, nos salons, nos téléphones, nos voitures et les machines qui les fabriquent. Mais aussi parce que Taïwan, où elles sont produites, est au centre d’un bras de fer entre Chine et Etats-Unis qui pourrait bien déboucher prochainement sur un conflit armé. Avions de chasse et cuirassés sillonnent le ciel et les eaux du détroit de Taïwan qui sépare l’île de sa grande sœur communiste. Avec notamment pour enjeu, le contrôle de… TSMC.

L’invention de la mondialisation high-tech

Son histoire se confond avec celle de la mondialisation et commence dans les bureaux de la société Fairchild, du côté de San José en Californie. Cette entreprise, aujourd’hui disparue, a inventé, au seuil des années 1960, le semi-conducteur, un circuit électronique gravé sur une plaque de silicium. Une nouvelle ère commençait, l’ordinateur était adolescent et les premières calculatrices, montres et autres gadgets pointaient le bout de leur nez.

Rapidement, les Japonais ont flairé le terrain de conquête. A Paris, ils photographiaient la tour Eiffel, mais à San José, autre chose les intéressait. « Ils sont venus chez nous et prenaient tout en photo, même le désordre de mon bureau », se souvient Thomas Zhao, très jeune ingénieur à la fin des années 1970. Comme ils l’avaient fait dans l’automobile deux décennies auparavant, ils ont copié à la perfection les usines américaines avec leur souci de l’excellence manufacturière. « En quelques années, ils ont obtenu des rendements en termes de qualité de production sans défaut de plus de 80 % quand c’était moitié moins aux Etats-Unis », ajoute Thomas Zhao. La performance a attiré les ténors du secteur. La mondialisation, déjà entamée dans le textile, gagnait l’industrie la plus sophistiquée du monde. C’est un vieil ingénieur américain de 55 ans qui va donner le coup de pouce décisif.

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