L’arrivée des expéditions dirigées par Christophe Colomb pour le compte des rois catholiques espagnols sur l’île San Salvador, de l’archipel des Bahamas, le 12 octobre 1492, est tout sauf un jour de fête.
Pour l’Espagne, cette date historique, celle de la « découverte des Amériques », est officiellement, depuis 1982, le jour de la fête nationale, aussi appelée Día de la hispanidad (« Jour de l’hispanité »). Officiellement, elle marque « le début d’une période de projection linguistique et culturelle au-delà des limites européennes ». En Amérique latine, la date du 12 octobre est aussi commémorée. Mais, depuis plusieurs années, cette fête, anciennement baptisée « Jour de la race », fait l’objet de débats visant à mettre l’accent sur le respect des communautés indigènes. Mardi, un millier de personnes ont défilé dans la capitale du Guatemala et ont tenté de jeter à terre une statue du navigateur génois, en signe de rejet des célébrations du 12 octobre.
Les manifestants se sont élancés sur l’avenue Reforma, dans un quartier riche de la périphérie sud de la capitale, une banderole affichant « 12 octobre, jour de dignité et de résistance indigène, noire et populaire » ouvrant la marche.
Les manifestants se sont élancés sur l’avenue Reforma, dans un quartier riche de la périphérie sud de la capitale, une banderole affichant « 12 octobre, jour de dignité et de résistance indigène, noire et populaire » ouvrant la marche. ORLANDO ESTRADA / AFP
Au cours de la marche de trois kilomètres jusqu’à l’ancien palais gouvernemental, dans le centre historique de la ville de Guatemala, les manifestants ont tenté de renverser une statue en bronze de Christophe Colomb et ont endommagé une statue similaire de l’ancien président José Maria Reina Barrios (1892-1898), érigées sur l’avenue très fréquentée.
La tête de l’ancien président José Maria Reina Barrios (1892-1898) gît sur le sol après que la statue a été décapitée par les manifestants, mardi 12 octobre, à Guatemala. ORLANDO ESTRADA / AFP
« Nous marchons pour dire que nous n’avons rien à célébrer ce 12 octobre par rapport à la conquête, mais plutôt des droits à revendiquer », a écrit anonymement l’un des manifestants sur les réseaux sociaux. « Ce jour si tristement commémoré est celui de l’invasion, il parle de dépossession, de vol et des multiples violations », a-t-il ajouté.
Selon les images vidéo diffusées sur les réseaux sociaux, les participants ont placé une corde pour tirer vers le bas la statue équestre de l’ancien président Reina et ont réussi à la plier et à la décapiter. Mais ils n’ont pas pu faire de même avec la statue de Christophe Colomb sur une sphère représentant le monde.
Le Guatemala est le pays qui compte la plus grande population indigène d’Amérique centrale, soit 42 % des 17 millions d’habitants. Les peuples indigènes rejettent le nom de « Jour de l’hispanité », qui commémore l’arrivée de Colomb en Amérique le 12 octobre 1492, et défendent le « Jour de la dignité et de la résistance ».
L’Espagne « offense » l’Amérique, selon Maduro
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a critiqué la célébration par l’Espagne du Jour de l’hispanité. « C’est une offense à toute l’Amérique que le roi d’Espagne célèbre encore le 12 octobre, le jour où a débuté le colonialisme de l’Amérique et le plus grand génocide de l’histoire, en le célébrant comme un jour férié, comme un prétendu jour de civilisation », a déclaré M. Maduro.
Lors d’une prise de parole devant ses partisans réunis devant le palais présidentiel de Miraflores, il a indiqué qu’il allait rendre publique « une lettre au roi d’Espagne » dans laquelle il partagera, « avec un grand respect », « des réflexions du fond du cœur de notre peuple ». Selon lui, cette lettre va refléter l’indignation vécue par les peuples autochtones.
Au Venezuela, depuis 2002 sous la présidence d’Hugo Chavez (1999-2013), cette date est devenue la « Journée de la résistance indigène ». Un défilé a été organisé à Caracas. « Nous nous joignons aux voix qui se sont élevées en Amérique pour exiger que le roi d’Espagne rectifie sa position, qu’il réfléchisse et demande pardon à l’Amérique pour le génocide de 300 ans », a ajouté Nicolas Maduro.
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