Aider l’Afghanistan sans aider les talibans. Tel est le défi auquel ont tenté de répondre, mardi 12 octobre, les dirigeants des pays du G20, réunis à distance deux mois après le retrait précipité des forces américaines et la victoire du mouvement islamiste. Signe de tensions croissantes au sujet de l’attitude à adopter face au nouveau régime, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont décliné l’invitation lancée voici quelques jours par Mario Draghi, le président du conseil italien, à la tête du G20 cette année. Joe Biden et Emmanuel Macron avaient en revanche répondu présents.
La Chine et la Russie, représentées mardi au niveau ministériel, cherchent à stabiliser au plus vite le pays, quitte à tendre la main aux nouvelles autorités. A l’inverse, les Occidentaux ne veulent pas reconnaître le pouvoir taliban. Ils conditionnent le dégel de leur aide au développement au respect des droits humains, ceux des femmes et des filles afghanes en particulier, tout comme à la rupture des liens entre les anciens insurgés et les organisations terroristes, comme Al-Qaida.
« Affronter la crise humanitaire suppose des contacts avec les talibans mais cela ne signifie pas leur reconnaissance », Mario Draghi
Pour éviter les écueils, Mario Draghi a surtout cherché à répondre à la crise humanitaire qui menace le pays. C’est l’urgence du moment alors que 600 000 personnes sont déplacées, après des années de conflit, et que l’hiver approche. C’est aussi le sujet le plus consensuel entre les forces en présence : les pays européens et les Etats-Unis soutiennent la mise en place d’une aide d’urgence, par l’entremise des Nations unies, susceptible d’être acheminée aux populations, sans condition et sans entrave. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, il est hors de question que la communauté internationale « reste à regarder sans réagir pendant que 40 millions de personnes plongent dans le chaos faute d’électricité et d’un système financier » viable.
« Affronter la crise humanitaire suppose des contacts avec les talibans mais cela ne signifie pas leur reconnaissance », a insisté Mario Draghi, à l’issue de la réunion en visioconférence. Le dirigeant italien avait invité le Qatar, devenu un intermédiaire incontournable entre les Occidentaux et les nouveaux maîtres de Kaboul, notamment pour poursuivre les évacuations d’étrangers ou de civils afghans menacés. La Turquie et l’Arabie saoudite participaient aussi au tour de table, mais pas le Pakistan, parrain des talibans et non membre du G20.
Pour le reste, de profondes divergences compliquent toute approche commune afin de stabiliser le pays et éviter qu’il ne redevienne un sanctuaire terroriste. « La Russie comme la Chine ont clairement la volonté d’engager les talibans depuis le début : ils ont toujours leur ambassade à Kaboul, comme neuf autres Etats », constate-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.
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L’article Afghanistan : le G20 veut enrayer la crise humanitaire, mais ne parvient pas à faire front commun face aux talibans est apparu en premier sur zimo news.