Les premières discussions entre talibans et Américains, organisées les samedi 9 et dimanche 10 octobre, à Doha, au Qatar, depuis le départ définitif des Etats-Unis d’Afghanistan, le 30 août, laissent le sentiment que rien n’a changé depuis la chute de Kaboul. Comme ils l’avaient fait lors des négociations avec Washington pour l’accord de retrait, signé, également à Doha, le 29 février 2020, les ex-insurgés se sont montrés plus confiants que jamais. Ils continuent de dicter l’agenda et le timing de tout débat, même si leur pays connaît l’une des pires crises économiques et humanitaires de son histoire. Face à eux, la délégation américaine a tenté de conditionner l’aide d’urgence à un assouplissement du régime taliban, mais n’a pu que constater son échec.
Le communiqué final du département d’Etat américain, qualifiant les échanges de « francs et professionnels », dit tout de la froideur du face-à-face. Et l’injonction affirmant que « le mouvement islamiste sera jugé sur ses actes et non pas sur ses paroles » ne devrait pas faire ciller les nouveaux maîtres de l’Afghanistan. A la limite de l’arrogance, ils aiment souligner à leurs interlocuteurs que leur assurance n’est pas injustifiée. N’ont-ils pas défait, disent-ils, la première armée du monde et contraint la première puissance mondiale à signer, en février 2020, un accord de Doha qui actait déjà, de fait, leur victoire ? Pourquoi, alors, remettre en cause une méthode qui a fait leur succès ?
Soutien humanitaire d’urgence
Sur le fond, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a affirmé que ces entretiens avaient porté « sur les problèmes de terrorisme et sur la sécurité durant le voyage des citoyens américains, des autres ressortissants étrangers et des partenaires afghans ». Il a ajouté que son pays avait exprimé de fortes attentes sur la question des droits humains, de l’éducation des filles et des conditions d’envoi d’un soutien humanitaire d’urgence. Les talibans ont indiqué que les Etats-Unis avaient accepté d’envoyer cette aide, ce qui a été démenti par Washington pour qui ce sujet n’a été que « discuté » et selon qui ce soutien, s’il devait intervenir, n’irait pas au gouvernement taliban, mais au peuple afghan.
Lundi, de Kaboul, le ministre des affaires étrangères taliban, Amir Khan Muttaqi, maniant l’euphémisme et la méthode Coué, a remercié les Etats-Unis « pour leur soutien » et s’est engagé à ce que son gouvernement coopère avec les groupes chargés d’acheminer l’aide humanitaire. Il a néanmoins insisté sur le fait qu’une telle assistance « ne devrait pas être liée à des questions politiques », soulignant le refus de tout conditionnement. Selon lui, « des efforts doivent être réalisés pour rétablir de bonnes relations diplomatiques ».
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