LETTRE DU BENELUX
C’est sans doute parce qu’ils ne comprennent pas grand-chose à leur propre système et qu’ils trouvent ennuyeux celui de leurs voisins allemands ou néerlandais que les Belges et leurs médias s’intéressent autant à la politique française. Avec, depuis quelques semaines, un phénomène nommé Eric Zemmour qui alimente un peu plus leur curiosité.
L’intéressé n’est pas un inconnu à Bruxelles, où l’une de ses visites, en 2015, avait donné lieu à une polémique : fallait-il, ou non, interdire de parole l’auteur du Suicide français, invité dans une librairie ? « Non, au nom de la liberté d’expression », avait insisté à l’époque le président de la Ligue des droits humains, Alexis Deswaef, jugeant que « son discours est facilement démontable : il tronque les chiffres et ses propos virent au grotesque. Garantissons-lui son droit à la liberté d’expression ; il se démonte et se coule de toute façon tout seul ».
A l’époque, le quotidien Le Soir jugeait, lui, que « pour Zemmour, tout était mieux avant, même sous Pétain » et titrait : « Zemmour, veni, vidi, Vichy ». Quelques hommes d’affaires avaient, quant à eux, reçu l’intéressé dans un club très select où son discours, plutôt modéré pour l’occasion, n’avait choqué personne.
Le changement de statut du « peut-être candidat » à la présidentielle française de 2022 a, évidemment, relancé l’intérêt pour sa personne. Même en Flandre et aux Pays-Bas, où, comme sa consœur francophone belge, la presse s’étonne d’abord de l’omniprésence de Zemmour dans les médias télévisuels français et du peu d’analyse critique de ses propos.
« La honte en prime time »
« Le polémiste a déjà gagné : tout ce bruit actuel l’aide à vendre ses livres par milliers et donne le tempo », écrivait, le 2 octobre, l’éditorialiste de La Libre Belgique. Il estimait que l’emballement autour d’un homme « volontiers faussaire de l’histoire » finirait par retomber. « Mais le risque est que cela advienne trop tard et que chaque candidat n’ait pas eu [d’ici là] le temps, ou le courage, de creuser son propre sillon ».
Le 24 septembre, c’est une page entière que Le Soir consacrait à une analyse titrée « Comment Zemmour capitalise sur la naïveté médiatique ». Rappelant la double condamnation du « polémiste » et les accusations d’agression sexuelle à son encontre, le quotidien s’étonnait de la place qui lui est faite dans le débat public, alors même qu’après l’épisode Donald Trump, et le mea culpa de médias accusés d’avoir « nourri le monstre », la leçon semblait apprise.
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