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Sebastian Kurz : dans les coulisses de la chute du chancelier autrichien

Sebastian Kurz, lors d’une conférence de presse, à Vienne, Autriche, le 8 septembre 2021. LEONHARD FOEGER / REUTERS

Une carrière politique, aussi brillante et éclair soit-elle, peut parfois s’abîmer sur les révélations d’un simple disque dur. C’est ce qui vient d’arriver au jeune et jusqu’ici talentueux chancelier autrichien, Sebastian Kurz, qui a été forcé de démissionner samedi 9 octobre, après une vague de perquisitions menée trois jours plus tôt dans ses bureaux, ainsi qu’au siège de sa formation, le Parti populaire autrichien (ÖVP). Il est soupçonné de « détournement de fonds, corruption et trafic d’influence ». « Je veux céder ma place pour éviter le chaos », a affirmé le leader de 35 ans, chancelier depuis 2017, sous la menace d’une motion de censure annoncée pour mardi. Il est remplacé par son ministre des affaires étrangères, Alexander Schallenberg.

Incarnation d’une droite dure décomplexée en Autriche et au-delà dans toute l’Europe, capable de s’allier aussi bien avec l’extrême droite qu’avec les écologistes, M. Kurz, roi du marketing politique, au look de gendre idéal, a fini par se brûler à son propre jeu. Il est trop tôt pour savoir si cette démission – présentée comme un simple « pas de côté » – marque la fin de sa carrière, mais elle est un grave revers. Ce dernier doit tout à une perquisition menée le 12 novembre 2019 au domicile d’un de ses fidèles, Thomas Schmid.

Ce haut fonctionnaire, de dix ans plus âgé que le chancelier, a fait carrière dans la roue de ce Wunderkind (« enfant prodige ») de la politique autrichienne, devenu secrétaire d’Etat à 24 ans, en 2011, puis ministre des affaires étrangères à 27 et enfin chancelier à 31. A tous ces postes, Sebastian Kurz est systématiquement « le plus jeune » de tout le Vieux Continent ; M. Schmid, lui, le soutient discrètement dans l’ombre, puis devient, en 2019, le directeur de l’agence des participations de l’Etat, un des postes les mieux rémunérés du pays. Arrivés tous les deux au firmament de leur carrière, tout aurait été pour le mieux si le fonctionnaire, drogué de WhatsApp, n’avait pas aussi gardé en mémoire les coulisses pas reluisantes de cette spectaculaire ascension sur l’application de messagerie.

Sondages « manipulés »

En novembre 2019, lorsque des policiers frappent à la porte de son domicile, M. Schmid n’a en théorie pas de quoi s’inquiéter : ils viennent pour une enquête peu menaçante pour le pouvoir et il a effacé la totalité de son historique sur WhatsApp. Sauf qu’il a oublié de se préoccuper de la copie automatique de son disque dur. Sur celle-ci, 300 000 messages. Plusieurs vont éveiller l’intérêt du parquet anticorruption, d’autant qu’ils éclairent d’un nouveau jour le « projet Ballhausplatz ». Du nom de la place du cœur politique au centre de Vienne, ce plan conçu en 2016 par le chancelier et ses proches retrace toutes les étapes prévues pour prendre le pouvoir.

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