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Le Nobel d’économie boucle un millésime imprévisible

Au terme d’une saison des Nobel qui a déjoué de nombreux pronostics et fui les favoris, le prix d’économie est remis lundi à Stockholm avec un nombre croissant de prétendantes pour une récompense ayant le bonnet d’âne en termes de parité.

La macroéconomie et les cycles du crédit, l’économie de la santé ou le marché du travail figurent parmi les domaines bien placés pour décrocher le plus jeune des Nobel, selon des experts sondés par l’AFP.

Parfois qualifié de « faux Nobel » car créé par la Banque de Suède plus de 60 ans après les cinq autres (médecine, physique, chimie, littérature et paix), le prix 2021 doit être annoncé vers 11H45 (09H45 GMT) à Stockholm.

Qui pour succéder au duo américain de spécialistes des enchères Paul Milgrom et Robert Wilson, lauréats l’an passé?

Hubert Fromlet, professeur associé à l’Université Linnaeus en Suède et auteur chaque année d’une liste de prétendants, voit « 250 à 300 candidats sérieux ».

L’économiste franco-américaine Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, à Stockholm le 10 décembre 2019 (AFP/Archives – Jonathan NACKSTRAND)

Déjà parmi les favoris l’an passé, l’Américaine Claudia Goldin, 75 ans, est de nouveau évoquée, notamment pour ses travaux sur les inégalités et la place des femmes sur le marché du travail.

Avec seulement deux lauréates parmi les 86 récipiendaires du prix (l’Américaine Elinor Ostrom en 2009 et la Française Esther Duflo 10 ans plus tard), soit 97,7% de lauréats masculins, le Nobel d’économie est le moins féminin, alors même qu’il n’a qu’un demi-siècle.

L’ancienne économiste en chef et brièvement directrice du Fonds monétaire international (FMI), l’Américaine Anne Krueger, figure également parmi les femmes nobélisables en économie, selon les experts interrogés. Tout comme ses compatriotes Janet Currie – spécialiste des programmes anti-pauvreté – et l’économiste de l’université de Stanford Susan Athey, ou encore la Belge Marianne Bertrand, spécialiste du travail.

La saison a été jusqu’ici peu féminine – une seule femme lauréate, la Philippine Maria Ressa, pour la paix – malgré la promesse des comités Nobel de veiller à une meilleure parité, à la mesure de la présence des femmes aux premiers rangs de la recherche mondiale.

Selon David Pendlebury, de l’organisation Clarivate, Nobuhiro Kiyotaki, un économiste japonais basé aux Etats-Unis, et le Britannique John Moore pourraient être récompensés pour leurs travaux sur les cycles de crédit dans les années 1990.

Leur publication « a presque parfaitement décrit ce qui s’est passé lors de la crise financière de 2007-2008 », souligne l’expert, qui tient à jour une liste de nobélisables en sciences et en économie.

– Surprises –

Il mise aussi sur l’Américaine Claudia Goldin et son compatriote Douglas Diamond, spécialiste de l’intermédiation financière et des banques.

Comme pour tous les Nobel, la liste des « usual suspects » est longue. On y trouve l’Israélo-Américain Joshua Angrist, spécialiste du travail et de l’éducation, peut-être avec le Canadien David Card; les Américains Colin Camerer et Matthew Rabin et le Suisso-Autrichien Ernst Fehr, champions de l’économie comportementale. Ou encore le macroéconomiste français Olivier Blanchard ou le pape de la nouvelle macroéconomie néoclassique, Robert Barro.

La journaliste philippine Maria Ressa, prix Nobel de la paix 2021, à Manille le 13 février 2019 (AFP/Archives – TED ALJIBE)

Quant au Français Thomas Piketty, son « Capital au XXIe siècle » lui vaut de figurer parmi les spéculations. Mais les débats sur ses conclusions en feraient « un choix controversé », juge M. Fromlet.

Le 53e « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel » boucle une saison où les comités ont déjoué les pronostics d’experts comme des parieurs.

Si la liberté de la presse était favorite pour le prix de la paix, le comité Nobel norvégien a choisi, plutôt qu’une organisation, d’honorer deux journalistes d’investigation, la directrice du média philippin Rappler, Maria Ressa, et le rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov.

Abdulrazak Gurnah, romancier d’origine tanzanienne exilé au Royaume-Uni, prix Nobel de littérature 2019, à Londres le 8 octobre 2021 (AFP/Archives – Tolga Akmen)

Le prix de littérature a récompensé Abdulrazak Gurnah, romancier d’origine tanzanienne exilé au Royaume-Uni, là aussi une surprise.

En médecine, les vaccins à ARN messager contre le Covid-19 n’ont pas raflé de prix. La récompense a sacré les chercheurs américains David Julius et Ardem Patapoutian, pour leurs travaux sur les récepteurs nerveux du toucher.

Le prix de physique est allé pour la première fois à deux experts du climat, l’Allemand Klaus Hasselman et l’Américano-Japonais Syukuro Manabe, ainsi qu’au théoricien italien Giorgio Parisi.

Enfin le prix de chimie a sacré un duo de pionniers d’un nouveau type de catalyseurs, l’Allemand Benjamin List et l’Américano-Ecossais David MacMillan.

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