La présidente de l’Autorité de la concurrence Isabelle De Silva a reconnu lundi avoir été « un peu surprise » par le non-renouvellement de son mandat, auquel elle était candidate.
« Sur le moment, j’ai eu un petit peu de surprise, mais je respecte la liberté de choix de l’autorité qui décide », a déclaré Mme De Silva sur le plateau de BFM Business, en faisant référence à la présidence de la République.
« J’espérais continuer, c’est vrai, parce que je crois qu’on avait mené des chantiers difficiles et importants » mais « à quelques heures de mon départ, ma priorité c’est vraiment que l’autorité puisse poursuivre sa mission sereinement et surtout que les chantiers que nous avons commencés puissent se dérouler car ils sont importants », a-t-elle dit.
L’Autorité de la concurrence doit en particulier examiner la fusion TF1/M6, qui présente des enjeux cruciaux sur le marché de la publicité et de la production audiovisuelle.
Mme De Silva présidait l’Autorité de la concurrence depuis 2016 et son mandat s’achève le 13 octobre. Son départ a été rendu public la semaine dernière, et le nom de son successeur n’est pas connu.
Son mandat a été marqué par des décisions concernant les Gafam, avec des amendes spectaculaires infligées à Google (220 millions en juin pour ses pratiques publicitaires, puis 500 millions d’euros en juillet, pour ne pas avoir négocié « de bonne foi » avec les éditeurs de presse sur l’application des droits voisins) et Apple (1,1 milliard d’euros en mars 2020 sur le contrôle de la vente de ses produits).
TF1 et M6 font valoir que leur fusion est nécessaire pour résister à la concurrence internationale (AFP/Archives – Lionel BONAVENTURE)
Le non-renouvellement de cette personnalité respectée, qui a démontré une grande maîtrise dans des dossiers techniquement et politiquement compliqués, est lié pour beaucoup de commentateurs au dossier de la fusion TF1/M6, qui ne pourra avoir lieu sans le feu vert de l’Autorité de la concurrence.
Le projet est vu d’un oeil favorable par l’exécutif, et a été jugé « compréhensible » par le président du CSA, qui doit rendre un avis officiel au début de l’année prochaine.
Mais l’Autorité de la concurrence a promis de son côté d’analyser de manière rigoureuse les effets sur les marchés de la publicité et de la production audiovisuelle de la création de ce géant. L’opération aurait en effet pour conséquence de créer un géant sur le marché national de la télévision, captant les trois quart des ressources publicitaires sur ce média et une part d’audience de 30%.
L’une des clefs du dossier est la définition du marché pertinent pour la publicité en terme de concurrence, entre une définition étroite réduite au marché télévisuel français et une définition large qui englobe le marché national ou européen de la publicité en ligne.
TF1 et M6 font valoir que leur fusion est nécessaire pour résister à la concurrence internationale, en particulier de celle des grands acteurs mondiaux d’internet.
« C’est vrai que c’est un dossier difficile, c’était une des raisons pour laquelle je pensais que c’était une bonne chose de continuer le travail que nous avons commencé ces derniers mois », a indiqué Mme De Silva. « Dans un dossier aussi complexe que celui-ci, nous attendons beaucoup de la réponse du marché », a-t-elle ajouté, en référence à la procédure de « test de marché » que l’Autorité est en train de lancer pour instruire le dossier.
Le président de l’Autorité de la Concurrence est nommé par décret du président de la République sur avis des commissions de l´Assemblée nationale et du Sénat compétentes en matière de concurrence. L’intérim sera exercé par le vice-président de l’Autorité, Emmanuel Combe.
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