France World

La Chine et Taïwan, plus éloignées que jamais

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, lors de son discours le jour de la fête nationale, à Taipei, dimanche 10 octobre 2021. CHIANG YING-YING / AP

Rarement les héritiers de Sun Yat-sen, président de la première République de Chine auront paru autant divisés. Ce week-end, on célébrait des deux côtés du détroit de Taïwan les 110 ans de la Révolution qui, le 10 octobre 1911, mit fin à un empire multimillénaire et déboucha sur l’instauration de la République.

A Taïwan, la République de Chine a même fait de ce jour sa fête nationale. A Pékin, la fête nationale est célébrée le 1er octobre, jour de l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949 mais les dirigeants de la République populaire de Chine commémorent cette précédente révolution dès le 9 octobre, histoire de montrer leur préséance sur les autorités de l’île dont ils ne reconnaissent pas l’indépendance.

Xi Jinping : la « réunification devra être réalisée et le sera »

Samedi, Xi Jinping, dans le Grand Palais du peuple, a soufflé le chaud et le froid. D’un côté il a rappelé, sous les applaudissements nourris que la « réunification » de la Chine et de Taïwan « devra être réalisée et le sera » et que les « sécessionnistes sont le principal obstacle à la réunification avec la mère patrie et un risque sérieux pour le renouveau national ». Pour lui, « la question de Taïwan était le résultat de la faiblesse et du chaos de la nation chinoise et sera à coup sûr résolue lorsque le renouveau national deviendra une réalité ». « Ceux qui oublient leurs ancêtres, trahissent la patrie ou divisent le pays sont condamnés. Ils seront définitivement rejetés par le peuple et jugés par l’histoire », a conclu le dirigeant chinois. C’est surtout cette partie du discours qui a été reprise par les médias.

Pourtant, auparavant, Xi Jinping avait pris soin d’ajouter que la réunification « par des moyens pacifiques » sera « dans l’intérêt de la nation chinoise dans son ensemble, y compris dans l’intérêt de nos compatriotes de Taïwan ». Il a même employé le terme « pacifique » à trois reprises, ce qui, après les 150 et quelques incursions de l’armée chinoises dans la zone d’identification de défense aérienne de Taiwan depuis le 1er octobre peut apparaître comme une volonté de faire baisser la tension.

Le lendemain, la présidente de la « République de Chine, Taïwan », Tsai Ing-wen, lui a répondu sans la moindre ambiguïté : « Taïwan doit résister à l’annexion ou à l’empiétement de sa souveraineté » « L’avenir de la République de Chine, Taïwan, doit être décidé en accord avec la volonté du peuple de Taïwan » a-t-elle précisé.

Réaffirmant sa volonté de maintenir le statu quo – ni la présidente ni aucun de ses prédécesseurs n’a jamais proclamé l’indépendance formelle de l’île –, Tsai Ing-wen estime que « face à l’expansion de l’autoritarisme », Taïwan est « en première ligne » pour « défendre la démocratie ». Et elle s’est félicitée de l’importance prise par son pays sur la scène internationale : « A Washington, Tokyo, Canberra et Bruxelles, Taïwan n’est plus [un sujet] marginal », s’est-elle réjouie, avant de constater que « plus nous obtenons de résultats, plus la pression de la Chine est grande ».

Il vous reste 50.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article La Chine et Taïwan, plus éloignées que jamais est apparu en premier sur zimo news.