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Eric Zemmour n’est pas Donald Trump

Eric Zemmour, lors d’un meeting au Palais des congrès-Acropolis, à Nice, le 18 septembre 2021. FRANCE KEYSER / MYOP POUR « LE MONDE »

Un Trump français ? La sidération produite à la fois par l’omniprésence d’Eric Zemmour et les mesures pour l’instant flatteuses mais encore virtuelles d’intentions de vote, à six mois du premier tour de l’élection présidentielle, rappellent la soudaine émergence aux Etats-Unis de celui qui était encore un homme d’affaires à l’été 2015.

D’autres similitudes s’y ajoutent. Comme Donald Trump, le polémiste d’extrême droite réduit pour l’essentiel son message à la stigmatisation d’« autres », boucs émissaires responsables, à l’en croire, de tous les maux de son pays, les migrants et les musulmans. La France n’a pas dit son dernier mot, le titre de son dernier ouvrage-programme fait écho au slogan « Make America great again ». Il use comme lui du ressort de la nostalgie d’un âge d’or au demeurant difficilement définissable, et de celui du recours nécessaire à un homme providentiel. « Je suis le seul » capable d’éviter un déclin américain, jurait le premier.

Comme celui qui allait devenir le 45e président des Etats-Unis, Eric Zemmour joue de sa capacité à hystériser un débat public principalement rythmé par des chaînes d’information en continu moins intéressées par les faits que par les opinions.

Il profite ensuite et surtout de l’état d’hébétude dans lequel sont plongés ceux que sa candidature menace directement. Fracturé lors des primaires de 2016 en une multitude de candidats, le Grand Old Party s’était montré incapable de barrer la route à celui qui claironnait son intention de modifier en profondeur ses idées et ses valeurs. Rapidement dépassés, les cadres républicains avaient ensuite fait le choix de chevaucher le tigre dans l’espoir d’une normalisation au contact du pouvoir, avec le succès que l’on sait, comme l’a rappelé l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier, livré par des fidèles du président défait à la régulière dans les urnes.

Zemmour veut en effet rapprocher la droite et l’extrême droite dans un nouveau front nationaliste ouvertement réactionnaire et antieuropéen

Aujourd’hui, les mêmes divisions l’emportent au sein du parti Les Républicains dont Eric Zemmour, thuriféraire de Philippe Pétain tout en se présentant comme un héritier du gaullisme, vise pourtant l’oblitération. Il veut en effet rapprocher, à rebours de l’intransigeance de Jacques Chirac, la droite et l’extrême droite dans un nouveau front nationaliste ouvertement réactionnaire et antieuropéen. Dans le même temps, l’ancienne présidente et candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, apparaît fragilisée par sa stratégie de dédiabolisation et son choix de renoncer à une fonction purement tribunicienne au profit de l’ambition de l’exercice du pouvoir.

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