Revenus au pouvoir mi-août en Afghanistan, les talibans, fiers d’avoir mis fin à une violence dont ils étaient les principaux auteurs, découvrent, à leur tour, les affres d’un pays confronté aux attentats à répétition. Au moins 55 personnes, selon des éléments provisoires, ont été tuées, vendredi 8 octobre, dans un attentat-suicide perpétré lors de la grande prière hebdomadaire dans une mosquée chiite de Kunduz, dans le nord-est de l’Afghanistan. L’attaque, revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI), a également fait plus d’une centaine de blessés. Le bilan menace d’être l’un des plus lourds enregistré depuis le départ des troupes étrangères, le 30 août.
En ce jour de repos, plus de 300 personnes se pressaient aux prières du vendredi dans la mosquée de Gozar-e-Sayed Abad, au cœur du quartier chiite de Khan Abad Bandar, à Kunduz. D’après les premières constatations, le kamikaze s’est glissé parmi les fidèles avant de faire sauter les explosifs qu’il portait sur lui, a expliqué le ministère de la culture et de l’information taliban. L’explosion, faisant surgir une épaisse fumée noire dans le ciel de la ville, n’a épargné aucune fenêtre et a criblé d’éclats les murs de la mosquée. Un mouvement de panique s’est alors propagé dans tout le quartier.
A leur arrivée, les secours ont découvert des corps sans vie entremêlés. Un ballet incessant d’ambulances a débuté pour conduire les nombreuses victimes à l’hôpital central de Kunduz ou à la clinique locale de Médecins sans frontières (MSF) – cette dernière a indiqué avoir pris en charge vingt morts et plus de quatre-vingt-dix blessés. Le tapis vert de la mosquée, maculé de sang et jonché de vêtements déchirés, portait les stigmates d’une violence qui a visé délibérément la minorité chiite hazara qui représente entre 10 % et 20 % de la population afghane.
Attaques particulièrement meurtrières
L’EI avait revendiqué l’attentat commis, le 26 août, aux abords de l’aéroport de Kaboul, qui avait fait 182 morts, dont 13 soldats américains. Le 8 mai, dans la capitale, plus de 50 lycéennes hazaras avaient perdu la vie dans un attentat assumé par l’EI, et une centaine de personnes avaient été blessées. Selon le ministère de l’intérieur, trois explosions successives avaient retenti devant l’établissement scolaire situé dans le quartier chiite de la ville et n’avaient laissé aucune chance aux jeunes filles âgées de 13 à 18 ans qui tentaient de fuir après la première détonation d’une voiture piégée.
L’EI a commis, entre 2018 et 2021, les attaques les plus meurtrières dans le pays, visant des mosquées, des hôpitaux et des lieux publics comme l’université de Kaboul. L’organisation s’en prend, en particulier, à la minorité chiite hazara qu’elle considère comme « hérétiques ». Selon l’ONU, qui a remis, en juillet, un rapport sur ce groupe au Conseil de sécurité, les effectifs de l’EI dans le pays sont estimés à « entre 500 et quelques milliers de combattants ». Cette organisation aurait, de plus, noué « des contacts informels avec d’autres groupes terroristes, notamment au Pakistan, qui attaquent régulièrement les postes pakistanais le long de la frontière ».
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