A travers eux, c’est le journalisme et la liberté d’information que le comité à Oslo a voulu récompenser. Vendredi 8 octobre, le prix Nobel de la paix a été décerné à la journaliste philippino-américaine Maria Ressa, fondatrice du média d’investigation Rappler, et au rédacteur en chef du journal indépendant russe Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov, pour « leurs efforts pour sauvegarder la liberté d’expression, qui est une condition préalable à la démocratie et à une paix durable ».
Inlassables combattants de la liberté d’informer, les deux lauréats sont « les représentants de tous les journalistes qui défendent cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables », a déclaré la présidente du comité norvégien, Berit Reiss-Andersen. « Un journalisme libre, indépendant et factuel sert à protéger contre les abus de pouvoir, les mensonges et la propagande de guerre », a-t-elle ajouté.
Agée de 58 ans, la journaliste Maria Ressa participait à un symposium en ligne sur le journalisme indépendant en Asie du Sud-Est quand la nouvelle est tombée. « C’est pour nous tous, je suis sous le choc. C’est une reconnaissance de combien cela peut être difficile d’être journaliste », a-elle-réagi en direct, très émue. Née aux Philippines, Maria Ressa a vécu aux Etats-Unis à partir de l’âge de 10 ans. Elle est retournée à Manille en 1986, où elle est devenue correspondante de CNN en 1995.
Croisade
En couronnant cette journaliste d’une rare pugnacité, le comité Nobel rend hommage à la croisade qu’elle mène depuis bientôt six ans contre les abus du président Rodrigo Duterte, avec le site Rappler, un média qu’elle a fondé avec trois autres femmes journalistes et dont elle est la dirigeante à Manille. Rappler s’est notamment illustré par sa couverture de la guerre meurtrière contre la drogue du dirigeant populiste.
En octobre 2016, Maria Ressa a publié une série d’enquêtes sur la manière dont des trolls, fake news et faux comptes ont favorisé l’accession au pouvoir de Rodrigo Duterte. Elle dénonçait avant l’heure une « stratégie de la “mort par mille coupures” qui utilise la force de l’Internet et exploite les algorithmes alimentant les médias sociaux pour semer la confusion et le doute ». En 2018, Facebook a reconnu que Cambridge Analytica, la firme britannique de conseil en communication, avait utilisé sans leur accord les données de centaines de milliers de Philippins – soit le deuxième contingent d’utilisateurs piratés après les Américains.
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