Le prix Bayeux des correspondants de guerre a été attribué samedi 9 octobre à des reportages diffusés par Zeit Magazin en presse écrite, The New York Times en photo, Europe 1 en radio et la BBC en télé.
Pour la première fois dans l’histoire du prix, dont c’est la 28e édition, le nom d’un lauréat demeure anonyme pour sa sécurité. Il s’agit d’un Birman récompensé en photo pour La Révolution du printemps, réalisée dans son pays et publiée par le New York Times. Ce prix « montre que la photographie est en train de devenir un truc plus important dans notre vie parce que tout le monde fait de la photo, les citoyens journalistes, c’est vraiment très positif », a déclaré le président du jury, le grand reporter franco-iranien Manoocher Deghati. Laurent Van der Stockt reçoit le troisième prix pour sa couverture du soulèvement palestinien pour Le Monde.
En presse écrite, Wolfgang Bauer, né en 1970, reçoit à la fois le Prix du jury international et le prix Ouest-France Jean-Marin. Déjà couronné à Bayeux en 2016 pour un reportage au Nigeria, il est cette fois récompensé pour un article diffusé par le journal allemand Zeit Magazin, « Among Taliban » (« Parmi les talibans »).
C’est un reportage qui « analyse bien la stratégie des talibans », leur avancée « kilomètre par kilomètre », « village par village » à partir des montagnes où ils étaient repliés depuis 2001, a expliqué le président du jury, Manoocher Deghati, à l’Agence France-Presse. Dans la catégorie presse écrite, Rémy Ourdan, journaliste au Monde, reçoit le deuxième prix pour son travail sur la guerre au Haut-Karabakh.
Le prix du jeune reporter (presse écrite) est remporté par Thomas d’Istria pour ses reportages sur la Biélorussie publiés par Le Monde. Le lauréat est un étudiant qui pendant un an a fait du journalisme clandestin. « On a apprécié son courage de pouvoir rester clandestin un an et faire sortir ses informations », a expliqué Manoocher Deghati.
Des sujets sur la Bosnie-Herzégovine et le Yémen
Les Bosniens Damir Sagolj et Danis Tanovic remportent à la fois le prix dans la catégorie télévision Grand Format, et dans la catégorie Image vidéo. Ils sont récompensés pour « When We Were Them » (« Quand nous étions eux »), un reportage avec « beaucoup de moyens », selon le président du jury, sur les milliers de migrants perdus dans le nord de la Bosnie-Herzégovine et diffusé sur Al Jazeera Balkans. Les journalistes ont passé « des mois et des mois » sur le terrain, a souligné M. Deghati.
« C’est filmé comme au cinéma. On a eu un débat sur ça. Certains disaient, “c’est plus du cinéma” [que du reportage]. Mais à mon avis, ça donne une valeur plus importante » au sujet, a fait valoir M. Deghati.
En radio, le prix du jury international est décerné à Margaux Benn pour « A Kandahar, des villages entiers sont devenus terrains minés », reportage diffusé sur Europe 1 et qui permet également de « comprendre » la stratégie des talibans, selon M. Deghati.
En télé, il est attribué à Orla Guerin et Goktay Koraltan pour Les Tireurs d’élite au Yémen, diffusé sur la BBC. Ils reçoivent aussi le prix des lycéens. « C’est une histoire incroyable de tireurs d’élite qui tirent sur des enfants », a relevé M. Deghati.
Le prix du public revient à Ibraheem Abu Mustafa, de Reuters, pour Gaza : 11 jours de bombardements. Manoocher Deghati présidait un jury d’une quarantaine de journalistes, français ou britanniques. Les prix sont de 3 000 ou de 7 000 euros selon les catégories.
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