Le bras de fer se jouant actuellement entre la Pologne et l’Union européenne (UE) fait réagir jusqu’en France. De la candidate du Rassemblement nationale (RN), Marine Le Pen, à l’ancien ministre du redressement productif, le socialiste Arnaud Montebourg, en passant par le polémiste ultra-conservateur Eric Zemmour, plusieurs candidats – déclarés ou putatifs – à l’élection présidentielle se sont exprimés vendredi 8 octobre après que la plus haute juridiction polonaise s’est prononcée jeudi contre la suprématie du droit communautaire européen.
Le tribunal constitutionnel polonais a ainsi déclaré que certains articles du traité de l’Union européenne étaient « incompatibles » avec la Constitution polonaise et sapent la souveraineté du pays. Cette décision historique, dernier rebondissement d’un long affrontement entre la Pologne et l’UE au sujet de réformes judiciaires controversées introduites par le parti conservateur nationaliste au pouvoir Droit et justice (PiS), pourrait donc menacer le financement par l’Union européenne de la Pologne, voire son appartenance à l’UE.
« Un événement important », selon Montebourg
Marine Le Pen a apporté vendredi son « soutien » à la Pologne qui conteste la primauté du droit européen sur son droit national, un principe que la candidate à la présidentielle française veut inscrire dans la Constitution si elle accède à l’Elysée. « En affirmant la primauté de son droit constitutionnel sur la législation européenne, la Pologne exerce son droit légitime et inaliénable à la souveraineté », estime la candidate du Rassemblement national dans un communiqué.
Par un acte de juges qui ne diffère en rien de la procédure de la cour de Karlsruhe [tribunal constitutionnel allemand], tout à fait admise s’agissant de l’Allemagne, la Pologne est venue rappeler à une Union européenne tentée par l’établissement d’une dictature jacobine que chaque peuple est fondé à définir ses lois.
La candidate, qui a renoncé en 2017 à sortir de l’UE et de l’euro, veut inscrire dans la Constitution française la primauté du droit national sur le droit européen ou international, c’est-à-dire que tout traité contraire à la Constitution sera « inappliqué », selon son projet de loi sur l’immigration qu’elle a présenté récemment.
L’ancien ministre du redressement productif et candidat à l’élection présidentielle, le socialiste Arnaud Montebourg, s’est aussi réjoui de la décision du tribunal constitutionnel polonais. « Le retour de la souveraineté de la France passera par la supériorité de la loi française sur les décisions européennes », écrit-il sur Twitter.
L’affirmation par la Pologne de sa souveraineté nationale par le droit est un événement important. La France, qui ne partage pas les mêmes orientations politiques que la Pologne, devra néanmoins procéder à la même affirmation de la supériorité de ses lois sur les décisions européennes.
« Les intrusions permanentes de la Commission européenne dans nos choix sont devenues inacceptables », peut-on par ailleurs lire dans son communiqué, dans lequel il dénonce « la destruction méthodique par Bruxelles de nos services publics nationaux, l’explosion des prix de l’énergie, ou l’organisation inadmissible du dumping social à domicile par la directive des travailleurs détachés », qui sont, selon lui, autant de symboles d’une « perte de souveraineté ».
« Une attaque contre l’UE », pour Clément Beaune
Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, qui ne s’est pas encore déclaré candidat à la présidentielle, s’est lui aussi fendu d’un communiqué vendredi matin titré « Il est temps de rendre au droit français sa primauté sur le droit européen » et posté sur le réseau social Twitter. « La Commission européenne mène un violent assaut juridique contre les peuples qui refusent sa ligne idéologique. Il est urgent que la France rejoigne ces nations dans leur combat pour la liberté », écrit-il.
Pour le député LR Julien Aubert, la décision de la Pologne est « logique ». Elle « vient du fait qu’on a, depuis Mitterrand et dans le dos des peuples, transformé l’objet de l’UE, d’une coopération d’Etats nations à un super Etat fédéral. Combien de “xit” faudra-t-il pour revenir à sa vocation originelle ? », demande-t-il vendredi sur Twitter.
De son côté, le gouvernement français, par la voix de son secrétaire d’Etat français aux affaires européennes Clément Beaune, a dénoncé une « attaque contre l’UE » qu’il a qualifiée de « gravissime » de la part de la Pologne. « Ça n’est pas un sujet technique ou un sujet juridique. C’est un sujet éminemment politique, qui s’inscrit d’ailleurs dans une longue liste de provocations à l’égard de l’UE, a t-il estimé sur RMC et BFM-TV. Le risque, c’est la sortie de facto de l’Union européenne de la Pologne. »
« A peine les Polonais affirment-ils leur souveraineté que Clément Beaune menace de sanctions financières. Honteux chantage au plan de relance qui révèle la nature de ces petits agents de l’UE : des ennemis de la démocratie qui servent leur machin supranational contre les peuples », a aussitôt réagi sur Twitter le candidat souverainiste à l’Elysée Nicolas Dupont-Aignan, en disant « bravo aux Polonais ».
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