Ils ont survolé la question, devenue, il est vrai, banale : les ministres européens de l’intérieur et chargés des migrations, réunis vendredi 8 octobre à Luxembourg, n’avaient pas envie de s’appesantir sur cette nouvelle affaire de pushbacks (refoulements illégaux) de migrants, révélée la veille par le consortium d’investigation Lighthouse Reports. Cette fois, celui-ci s’était appuyé sur des enregistrements prouvant les brutalités commises par des membres de forces de l’ordre, aux uniformes rendus anonymes, des « unités spéciales » à l’œuvre en Croatie, en Grèce et en Roumanie, et dont le financement pourrait venir de fonds européens.
Les ministres des pays concernés ont promis d’enquêter. Ce n’est pas la première fois, et les résultats éventuels des investigations précédentes n’ont jamais été dévoilés. « Nous n’allons pas nous excuser, nous protégeons les frontières extérieures et luttons contre les réseaux de trafiquants », expliquait, dès jeudi, le ministre grec des migrations, Panagiotis Mitarakis.
La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, parle d’« une normalisation inacceptable de la violence », tandis que la commissaire européenne à la migration, Ylva Johansson, s’est, pour sa part, dite « extrêmement inquiète ». Mais ses services font valoir leur incapacité à contrôler, et éventuellement à sanctionner, des Etats membres.
Pas d’action « en tant qu’Union »
Au cours de la discussion de vendredi, Mme Johansson a bien dû constater que, sur ce sujet comme sur d’autres, sa marge de manœuvre semble s’amenuiser de réunion en réunion. « Nous agissons en tant qu’Europe du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Nord, mais pas en tant qu’Union » a-t-elle déploré. Autour de la table, un consensus a seulement été trouvé pour condamner vivement l’attitude du régime biélorusse et son instrumentalisation de la migration : visé par des sanctions européennes pour la violente répression à laquelle il se livre, le régime d’Alexandre Loukachenko a dirigé vers ses frontières avec la Lituanie et la Pologne des milliers de personnes, majoritairement des Irakiens.
Evoquant ce qu’ils appellent une « attaque hybride » contre eux et l’Union, les deux pays concernés, appuyés par dix autres, dont la Grèce, la Hongrie et l’Autriche, réclament désormais de la Commission qu’elle finance la construction de murs aux frontières extérieures de l’Union. Ils jugent que ce projet doit devenir prioritaire, car « au bénéfice des Vingt-Sept ». « Les fonds européens ne peuvent servir qu’aux systèmes de gestion intégrée des frontières », a précisé un porte-parole de la Commission. Ce qui exclut, a priori, l’édification de murs
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