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La banane, richesse de La Palma, menacée par le volcan et le manque d’eau

« Ça donne envie de jeter l’éponge », souffle Pedro Antonio Sanchez, en montrant les cendres volcaniques recouvrant ses bananes, l’une des principales richesses de l’île espagnole de La Palma.

« C’est pire qu’un nuisible, pire qu’une maladie parce que cela abîme » les bananes, fulmine ce propriétaire d’une petite exploitation âgé de 60 ans, en référence aux cendres tombant du ciel sans interruption depuis le début de l’éruption du volcan Cumbre Vieja le 19 septembre.

Un « sable » noir qu’il est quasiment impossible de retirer des fruits et qui les endommage lors de la manipulation, du transport et de l’emballage des régimes de bananes pesant jusqu’à 70 kilos.

« Il faut souffler dessus, ou les rincer, je ne sais pas… Et quand la rosée tombe durant la nuit, les cendres sont collées par l’eau et elles ne partent pas le matin », se décourage le cultivateur qui perd sa bonne humeur et son humour dès que son regard se pose sur ses bananiers.

– « Situation catastrophique » –

Une feuille de bananier salie de cendres dans la plantation de Pedro Antonio Sanchez, à Los Llanos de Aridane le 4 octobre 2021 (AFP – JORGE GUERRERO)

« Je n’ai pas envie de travailler, ça donne envie de jeter l’éponge quand je les vois si moches… La situation est vraiment catastrophique », poursuit Pedro Antonio Sanchez alors que les normes de qualité peuvent empêcher la commercialisation de bananes abîmées même si leur consommation ne présente aucun risque, selon l’Association des organisations de producteurs de bananes des îles Canaries (ASPROCAN).

Et les cendres ne sont pas le plus gros problème.

La banane a besoin de beaucoup d’eau et en ce moment, « le manque d’eau est la menace la plus importante », selon l’exploitant, alors que la lave a détruit une canalisation importante amenant l’eau nécessaire à l’irrigation de nombreuses plantations du sud-ouest de l’île.

Afin de pallier le manque d’eau à La Palma, qui n’a pas de rivières ou de lacs, deux unités de dessalement de l’eau de mer sont arrivées mardi et un bateau-citerne chargé d’eau douce devrait arriver la semaine prochaine.

Dans la plantation de bananes de Pedro Antonio Sanchez, à Los Llanos de Aridane, le 4 octobre 2021 (AFP – JORGE GUERRERO)

« Nous n’avons pas d’autre moyen pour l’instant de ramener de l’eau en si peu de temps », a expliqué Victor Navarro, responsable des eaux de l’archipel des Canaries sur la radio publique.

– 50% du PIB de La Palma –

« Il y a eu une chute de 50 à 60% » des arrivées de bananes depuis le début de l’éruption, a indiqué à l’AFP Enrique Rodriguez, de la coopérative Covalle, où les bananes arrivent pour être emballées et expédiées.

Une baisse de la production qui s’explique par le fait que des « plantations ont été emportées par la lave » et qu’il est « plus difficile pour les autres » de produire en raison des conséquences de l’éruption, a-t-il ajouté.

La Palma a produit 148.000 tonnes de bananes en 2020, soit 34,5% du total de la production de l’archipel, selon ASPROCAN. Elle est la deuxième des îles des Canaries en termes de production, après Tenerife, et la banane représente 50% de son PIB.

(AFP – JORGE GUERRERO)

Sur les 70.000 hectares de l’île, 10% sont consacrés à l’agriculture, principalement à la culture de la banane (43%), selon la fondation Réserve mondiale de la biosphère de La Palma.

A la rupture de la canalisation d’irrigation, s’ajoutent les restrictions d’accès aux exploitations proches des coulées de lave, où les agriculteurs sont seulement autorisés à arroser durant un court moment par sécurité.

Or, la banane « nécessite beaucoup d’arrosage tous les 7 jours. Actuellement, on arrose tous les 15 jours pour économiser l’eau, et même si elles ne sécheront pas, le fruit va s’en ressentir », souligne Pedro Antonio Sanchez.

La plupart des plantations de bananes sont petites (plus de 80% font moins d’un hectare) et les exploitants ont de maigres revenus. Une situation pesante. « Il y a des mois à 1.000 euros, 1.000 et quelques, mais peu en général », et d’autres à seulement 300, explique l’exploitant, inquiet pour son avenir.

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